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Santé

Déserts médicaux : des vétérinaires à la place des médecins ?

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« Pourquoi leur interdire un geste d’urgence pour sauver un humain ? ». Partant du constat qu’on manque de médecins en zone rurale, une élue de Côte-d’Or propose de faire appel aux vétérinaires pour y dispenser les premiers secours aux patients. Une idée qui fait bondir les praticiens…

Une élue de Côte-d’Or propose de faire appel aux vétérinaires pour VOUS soigner, dans les déserts médicaux. Partant du constat qu’on manque de médecins en zone rurale, Françoise Tenenbaum, vice-présidente PS du Conseil régional de Bourgogne, souhaite faire appel aux vétérinaires dans "les situations d’urgence" pour remplacer les généralistes. Plus exactement, dans son esprit, le vétérinaire serait présent pour dispenser les premiers secours au patient, en attendant la consultation d'un médecin ou l'hospitalisation.
Et pour permettre ces nouvelles pratiques, Françoise Tenenbaum souhaite mettre en place "une année de formation" en plus pour les "vétos". Proposition jugée "irréaliste" par les professionnels !

« Ils savent faire… »

Mais Françoise Tenenbaum défend sa proposition : « Pourquoi interdire aux vétérinaires de faire un geste d’urgence pour sauver un humain ? Ils savent faire ; il faut voir comment on peut les y autoriser. Il faut donc changer la loi et voir si dans ces territoires-là, en cas d’urgence, il n’y a pas matière à faire des exceptions ».

« Les mêmes gestes pour relancer un cœur »

Reportage dans un cabinet vétérinaire à Paris. Dans ce coquet cabinet parisien, chez le docteur Benalloule, Elisabeth fait soigner ses 2 chats. Elle s'y rend très régulièrement, apprécie son vétérinaire, à tel point qu'elle s'imagine parfaitement être soignée par lui plutôt qu'un médecin : « Pour relancer un cœur c’est la même chose, les mêmes gestes. Je trouve que dans beaucoup de cas le vétérinaire est aussi adapté qu’un médecin en cas d’urgence ».
Un avis que ne partage pas le praticien. Pour Thierry Benaloulle, il ne faut pas tout mélanger : « Ce sont deux voix qui n’ont strictement rien à voir pendant les études, ce sont deux métiers différents et je pense qu’il faut laisser les médecins pratiquer leur médecine ».
Devant le cabinet, Geneviève, 62 ans, attend avec son chat. Se faire soigner par son vétérinaire, selon elle, « ça ne peut pas être sérieux. Il n’a pas fait d’études pour me soigner ».
En tous cas, chez les médecins, on s'insurge : irréaliste et dangereux, clame la profession.

« Moi je ne saurais pas traiter un animal »

« Ça permettra peut-être de répondre aux patients qui demandent des traitements de cheval, plaisante le docteur Stéphane Fraize, médecin en milieu rural en Dordogne, qui n’ose croire au sérieux de cette proposition : Ça me paraît tellement ahurissant comme proposition, j’ai du mal à croire que ça puisse être émis sérieusement par une élue. C’est quand même pas la même physiologie, c’est pas les mêmes pathologies, ni les mêmes médicaments et traitements. Moi je ne saurais pas traiter un animal. C’est quand même avoir une vision très archaïque de ce que peuvent être les urgences, y compris à la campagne. Chacun ses compétences ! ».