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Des substances cancérogènes dans les algues utilisées dans les makis japonais

Des makis - Image d'illustration

Des makis - Image d'illustration - Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Dans un avis publié ce mardi, l'Anses pointe du doigt la présence de cadmium dans les algues alimentaires et demandent aux autorités compétentes d'instaurer une teneur maximale de la substance dans les aliments.

Les algues destinées à l'alimentation, comme celles utilisées pour les makis japonais, seraient-elles dangereuses pour la santé? C'est ce qu'estime l'agence de sécurité sanitaire Anses dans un avis rendu ce mardi. Selon l'agence, les algues alimentaires contiennent souvent trop de cadmium, une substance classée cancérogène, et des seuils de concentration maximum doivent être instaurés pour préserver la santé des consommateurs.

Dans plus d'un quart des échantillons d'algues analysés, la concentration en cadmium dépasse la valeur maximale recommandée par le Conseil supérieur d'hygiène public France (CHSPF).

"Les quelque 250 analyses des prélèvements concernant des algues non transformées mettent en évidence des concentrations de cadmium dépassant, pour 26% d'entre elles, la valeur maximale de 0,5 mg/kg de poids sec recommandée par le CHSPF", explique ainsi un communiqué de l'Anses accompagnant son avis.

Une substance nocive pour l'Homme

Car les algues utilisées dans l'alimentation ont tendance à absorber le cadmium présent dans leur environnement.

"Le cadmium est un contaminant très répandu dans l'environnement à l'état naturel et en raison de l'activité humaine, notamment agricole et industrielle. Il pénètre facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire", souligne l'Anses.

"Reconnu cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, le cadmium entraîne chez l'Homme des atteintes rénales et une fragilité osseuse lors d'une exposition prolongée, notamment par voie orale via l'alimentation et l'eau de boisson", ajoute l'agence.

Limiter la sur-exposition des consommateurs au cadmium

Or, "une partie de la population française (est) déjà exposée au cadmium au-delà de la dose tolérable à travers son régime alimentaire usuel", ainsi que par "l'inhalation passive et active de fumée de tabac".

C'est pourquoi l'agence de sécurité sanitaire demande aux "autorités compétentes" d'instaurer "une concentration maximale en cadmium aussi basse que possible dans les algues alimentaires" afin de "limiter la sur-exposition des consommateurs".

"En tenant compte de l'apport global en cadmium d'un régime alimentaire usuel, l'Anses propose une teneur maximale en cadmium de 0,35 milligramme par kilogramme de matière sèche dans les algues alimentaires", poursuit-elle.

Pour "limiter l'exposition au cadmium par l'alimentation", l'Anses souligne "qu'il appartient désormais aux autorités compétentes de définir les modalités les plus appropriées pour fixer une teneur maximale, en considérant les algues ainsi que les autres sources". L'Agence rappelle par ailleurs que "la Commission européenne envisage déjà de fixer des teneurs maximales en arsenic, plomb et cadmium dans les algues", trois substances métalliques nocives pour l'Homme et présentes dans l'environnement.

Une consommation d'algues en hausse

Traditionnelle dans de nombreux pays asiatiques, la consommation d'algues a augmenté en Occident "avec le développement de la restauration japonaise et la consommation de certains makis", note l'Anses.

"Consommées comme des légumes ou transformées (séchées, salées, fraîches, en bocaux...), certaines espèces d'algues sont également utilisées dans les compléments alimentaires", ajoute l'agence. Une consommation qui augmente en France et explique les inquiétudes de l'Anses.

Maëllyss Hedin avec AFP Journaliste BFMTV