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Santé

Des primes à la performance pour les médecins

Un médecin pourra toucher jusqu'à 9100 euros de prime par an pour une patientèle de 800 patients. Pour toucher cet argent, il devra d'abord informatiser son cabinet, et accepter la carte vitale.

Un médecin pourra toucher jusqu'à 9100 euros de prime par an pour une patientèle de 800 patients. Pour toucher cet argent, il devra d'abord informatiser son cabinet, et accepter la carte vitale. - -

Des primes à la performance pour les médecins, et bientôt des dépassements d'honoraires plus encadrés. Ce sont les deux principales nouveautés de la convention médicale signée dans la nuit de mercredi à jeudi entre les médecins et l'assurance maladie.

Ce texte qui va encadrer primes et dépassements d'honoraires sera valable pour les cinq prochaines années. Il détermine des questions concrètes pour les patients comme les questions de tarifs et d'accès aux soins. Cette convention instaure un véritable changement de cap dans la rémunération des médecins. Ils ne seront plus seulement rémunérés à l'acte, mais ils toucheront également une prime à la performance payée par la Sécurité Sociale.

« Une trentaine de critères pour toucher la prime »

Un médecin pourra toucher jusqu'à 9100 euros de prime par an pour une patientèle de 800 patients. Pour toucher cet argent, il devra d'abord informatiser son cabinet, et accepter la carte vitale. Cela compte pour 1/4 de la prime Pour toucher le reste, le médecin traitant devra tenir des objectifs en matière de prévention, de suivi des maladies chroniques, et de prescriptions de génériques. Il y a une trentaine de critères au total, chacun rapportant une partie de la prime. Par exemple, un médecin qui prescrirait 90 % de génériques au niveau des antibiotiques touchera 420 euros. Celui qui vaccinera 75 % de ces patients âgés contre la grippe touchera 140 euros. L'objectif, c'est d'inciter financièrement les médecins à respecter les bonnes pratiques. Tous les trimestres, ils recevront de la Sécu une sorte de bulletins de notes qui leur indiquera les progrès qu'ils peuvent encore faire.

"C’est tout sauf le jackpot"

Le Dr Michel Chassang est le président de la CSMF (Confédération des Syndicats Médicaux Français), premier syndicat de médecins. Pour lui, ces évolutions représentent une véritable « modification des habitudes. Et surtout ça va nous amener dans une dynamique d'informatisation très profonde des cabinets médicaux. C'est tout sauf le jackpot. C'est une rémunération complémentaire et il ne faut pas fantasmer sur les tarifs qui peuvent être affichés. Les objectifs seront difficiles à atteindre et la rémunération sera difficile à obtenir ».

« Pour le diabétique, le gain est énorme »

Le Dr Claude Leicher est le président de MG France, le 1er syndicat de médecins généralistes. Il explique que ces nouveautés vont permettre de laisser choisir le médecin « en fonction de ses habitudes, de ses pratiques et de ses patients. Il peut choisir, pour le diabète de façon générale, d'améliorer tel ou tel critère. Pour le diabétique, le gain est énorme, car on le surveille mieux. Pour le médecin, le gain est intéressant parce qu'il fait mieux son travail et qu'on le rémunère quand il le fait mieux. Et pour la société et l'Assurance Maladie le gain est sûrement, à terme, important parce qu'on va essayer d'éviter les complications qui posent de vrais problèmes de santé publique ».

« Soigner mieux en développant la prévention »

Pour Frédéric Van Roekeghem, directeur de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie l'objectif de ces évolutions est aussi « de soigner mieux en développant la prévention, en veillant à ce que les patients chroniques soient mieux pris en charge. Pour ce qui est des professionnels de santé on rémunère ce temps qu'ils passent pour mieux prendre en charge leur patientèle. Et, pour l'assurance Maladie, ce que nous attendons c'est que les professionnels de santé optimisent leurs prescriptions et que l'équilibre de tout ça fasse évidemment que tout le monde y gagne ».

Dépassements d'honoraires

Pour limiter les dépassements d'honoraires, il faudra attendre le 30 septembre. Les médecins et la sécu se sont mis d'accord pour la création d'un nouveau système tarifaire : le "secteur optionnel". Actuellement, il y a d'un côté les médecins de secteur 1 qui pratiquent les tarifs de la Sécu, et les médecins de secteur 2, qui ont des honoraires libres. Entre les 2, il y aura donc ce secteur optionnel. Il n'entrera en vigueur qu'après l'accord des complémentaires santé, attendues pour fin septembre.

La Rédaction avec Yannick Olland