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Santé

Des particules de plastique retrouvées dans des placentas humains

Un biologiste examine des microplastiques au Centre hellénique de recherche marine à Athènes,  le 26 novembre 2019.

Un biologiste examine des microplastiques au Centre hellénique de recherche marine à Athènes, le 26 novembre 2019. - LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Selon une étude américaine, sur 62 placentas testés, 100% étaient contaminés par la présence de microplastiques dans l'organisme. Les chercheurs s'inquiètent des impacts potentiels sur la santé des foetus lors de leur développement.

Du plastique dans l'organisme, au plus près du foetus? Des chercheurs de l'Université du Nouveau-Mexique (UNM) ont découvert la présence de microplastiques dans des placentas humains, rapporte The Guardian ce mercredi 28 février.

L'étude, publiée le 17 février dans la revue Toxicological Sciences, révèle que le plastique, présent dans pratiquement tout ce que nous consommons, se retrouve également dans le sang et même dans le lait maternel. Un constat alarmant pour les scientifiques qui s'inquiètent des impacts potentiels sur la santé des foetus lors de leur développement.

62 placentas testés

L'équipe de scientifiques dirigée par le professeur Matthew Campen en partenariat avec l'Université de médecine de Baylore et l’Université d’État de l’Oklahoma, a traité chimiquement 62 échantillons de placenta.

Sur ces 62 échantillons testés, la concentration en microplastiques allait de 6,5 à 790 microgrammes par gramme de tissu placentaires. Bien que ces chiffres puissent sembler faibles (un microgramme étant un millionième de gramme), Matthew Campen s’inquiète des effets de cette concentration sur la santé, la production de plastique étant en constante augmentation.

"Si nous constatons des effets sur le placenta, alors toute la vie des mammifères sur cette planète pourrait être affectée", a alerté le professeur Matthew Campen, directeur de la recherche, cité par The Guardian.

54% des microplastiques détectés étaient du polyéthylène, généralement utilisé pour fabriquer des sacs et des bouteilles en plastique, indique l'étude. Le PVC et le nylon, arrivent quant à eux en deuxième position des matières plastiques les plus ingérées.

Jusqu’à ce jour, il était difficile de quantifier la quantité de microplastiques présente dans les tissus humains. En règle générale, les chercheurs étaient contraints de compter le nombre de particules visibles au microscope, risquant de passer à côté de particules trop petites pour être vues.

Selon l'Université du Nouveau Mexique, la nouvelle méthode employée par l'équipe de Matthew Campen est en mesure de le quantifier de manière beaucoup plus précise le nombre de microgrammes ou de milligrammes de plastiques présent dans l'organisme.

Risque de cancer, de maladie inflammatoire et d'infertilé

Depuis les années 1950, l'utilisation du plastique a connu une croissance exponentielle. De l'eau en bouteille, en passant par ce que nous mangeons, le plastique demeure omniprésent dans l'environnement, pointe l'Université du Nouveau Mexique.

"Ces substances se retrouvent dans les eaux souterraines et, parfois, elles s'aérosolisent", a commenté Marcus Garcia, chercheur à l'UNM, dans un communiqué. "Nous ne l'absorbons pas seulement par ingestion, mais aussi par inhalation".

Si l'impact sur la santé reste encore inconnu, il a été démontré que les microplastiques endommagent les cellules humaines. Les particules pourraient se loger dans les tissus et provoquer une inflammation ou libérer des substances chimiques nocives contenues dans les plastiques.

Selon l'étude, la concentration croissante de microplastiques dans l'organisme pourrait expliquer l'augmentation surprenante de certains problèmes de santé, notamment les maladies inflammatoires de l'intestin (MII), le cancer du côlon et la baisse du nombre de spermatozoïdes.

Les premières traces de microplastiques présentes dans le placenta ont été détectées en Italie en 2020 chez quatre femmes "en bonne santé", dont les grossesses et les accouchements se sont déroulés "normalement", précise The Guardian.

Orlane Edouard