BFMTV
Santé

Des paillettes dans le vagin? Pas vraiment une mode, mais une très mauvaise idée

Une festivalière à Glastonbury, en Angleterre, le 24 juin 2017 (photo d'illustration).

Une festivalière à Glastonbury, en Angleterre, le 24 juin 2017 (photo d'illustration). - OLI SCARFF / AFP

Un site américain propose des gélules de paillettes à s'insérer dans le vagin avant les rapports sexuels pour des orgasmes "scintillants et parfumés". Sa créatrice affirme être en rupture de stock et les gynécologues s'inquiètent, mais ce qui a été présenté comme une tendance inquiétante pourrait n'être qu'un mauvais buzz.

Rendre la sexualité "plus amusante et agréable", et donner au vagin "l'image, le goût et l'odeur" qu'il est "censé" avoir. Voilà le vaste programme proposé par une société américaine. Une recette magique concentrée en un tout petit produit: une gélule remplie de paillettes colorées, à s'insérer dans le vagin une heure avant les rapports sexuels, pour des "orgasmes scintillants et parfumés". Avec la chaleur corporelle et l'excitation, la capsule se dissout à l'intérieur du vagin et libère les fameuses paillettes, pour une durée allant jusqu'à trois jours, nous apprend le site de ce produit, baptisé "Passion Dust" (poussière de la passion).

"Le goût est doux comme les bonbons, mais pas trop sucré, juste assez pour faire sentir à votre amant que votre 'Yara' correspond à l'image, à la sensation et au goût qu'il doit avoir: doux, sucré et magique!", promet le site.
"Son seul but est d'ajouter un éclat et un parfum à vos sécrétions vaginales naturelles afin d'améliorer l'expérience du rapport sexuel pour vous et votre partenaire", fait-il aussi valoir.

Risque d'infection

Dans un vocabulaire tout sauf scientifique, on apprend aussi que les gélules, utilisées comme le propose le vendeur, sont "sans danger" pour le vagin. Quant à savoir si leur utilisation est compatible avec celle d'un préservatif, "le test n'a pas été fait".

"Il y a davantage de paillettes, de produits chimiques et d'additifs dangereux dans vos cosmétiques, vos bains moussants et vos sprays pour le corps que dans Passion Dust", ajoute le vendeur, qui précise cependant: "N'importe quel gynécologue vous dirait de ne RIEN mettre dans votre vagin". Et en effet, devant la multiplication des articles de presse évoquant cette "tendance" aux Etats-Unis, de nombreux médecins se sont alarmés. 

"Le vagin contient un équilibre délicat de bonnes bactéries, qui sont là pour le protéger. Si les femmes placent des objets étrangers dans leur vagin, elles risquent de perturber cet équilibre, ce qui peut provoquer des infections", explique le docteur Vanessa Mackay, porte-parole du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists, au site britannique The Independent.

La créatrice n'a répondu à aucune sollicitation

Plusieurs médias, intrigués par cette "tendance", ont cherché à contacter le créateur du site et d'éventuels acheteurs. L'Obs et le site américain Vice ont tenté de contacter la créatrice du produit, "Lola Von-Kerius", citée sur le site, mais n'ont obtenu aucune réponse à leur nombreuses sollicitations. Quant aux acheteurs potentiels, Vice a retrouvé l'une d'entre elles, ce qui prouve que le produit existe réellement, mais elle ne l'avait pas encore essayé. Sur le site, seuls les clients avec un compte Paypal américain peuvent commander le produit. La page Twitter de Passion Dust est privée, et sur Facebook, la société affirme être en rupture de stock. "Nous ne sommes pas en mesure de prendre de nouvelles commande jusqu'au 3 juillet", peut-on lire dans le dernier message, posté le 30 juin.

Le 2 juillet, un texte a été ajouté sur le site dans la rubrique "blog", pour tenter de mettre fin au débat et dénoncer la "croisade" lancée contre le produit. "Nous ne sommes pas du tout intéressés par le fait de débattre de la sûreté de Passion Dust ou des implications du produit", explique sa créatrice, qui interroge en conclusion, à l'adresse de ses détracteurs: "Pourquoi nous ne vous préoccupez pas de votre propre vagin?"

Charlie Vandekerkhove