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Des Antilles à Paris: comment fonctionne la machine qui a permis de greffer un cœur après 12h de transport

Alors qu'en temps normal un cœur ne peut être conservé plus de quatre heures dans de bonnes conditions, cette nouvelle machine a permis de tripler ce délai et ouvre de nouveaux horizons à la médecine.

Une prouesse scientifique. En janvier 2024, un cœur a été transplanté avec succès à Paris après avoir parcouru les quelque 6.700 kilomètres qui séparent les Antilles de la France. Au total, l'organe a été préservé durant douze heures, un exploit puisque les techniques actuelles ne permettent de conserver un cœur dans de bonnes conditions que pendant quelques heures.

"Une transplantation cardiaque, c'est une course contre-la-montre. Le cœur ne peut pas être arrêté plus de quatre heures et au-delà de quatre heures il ne va pas fonctionner correctement", signale à BFMTV le professeur Guillaume Lebreton, chirurgien cardiaque à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) à l'origine de l'opération.

"Perfuser en continu"

Afin de permettre cette traversée et la transplantation, l'organe a été placé dans une machine de perfusion ex vivo. De la taille d'une grosse glacière, ce concentré de technologie fabriqué par la société suédoise Xvivo a conservé le cœur à 8°C et l'a perfusé en continu avec du sang et de l'oxygène.

"Ce qui change tout avec cette machine, c'est qu'elle permet de le perfuser en continu, elle le nourrit en continu. Au total, c'est une douzaine d'heures et le patient a très rapidement récupéré", explique Guillaume Lebreton.

Le cœur a voyagé en cabine afin que le corps médical puisse intervenir en cas de besoin. À BFMTV, Théophile Roy, perfusionniste en chirurgie cardiaque qui a participé au vol explique, reproduction à l'appui, comment fonctionne la machine.

"On va surveiller que le cœur est bien maintenu au froid, que les débits de perfusion soient corrects. On a un bénéfice sur la greffe en elle-même, sur l'amélioration de la qualité des greffons", dit-il.

Cette transplantation, au terme de laquelle le patient greffé de 70 ans se trouve en parfaite santé, a été faite dans le cadre d'une étude pilote, Pegase, dont les conclusions ont été publiées dans un article de The Lancet du 28 février.

Des perspectives qui s'ouvrent

Si elle n'en est qu'à l'étape d'expérimentation, le succès de cette transplantation est un grand espoir pour la médecine. "Ça nous permettra d'avoir accès à des greffons auxquels nous n’avons pas accès actuellement pour des contraintes géographiques, parfois logistiques", dit Guillaume Lebreton.

"Ce n’est pas rare qu’on ne puisse pas aller prélever en cœur en raison de la météo ou des durées de transport trop longues et pas compatibles avec la transplantation", ajoute-t-il. À date, l'agence de biomédecine estime qu'une personne sur deux est en attente d’un cœur peut bénéficier d’une greffe dans l’année.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV