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Dépistage du Covid-19: pourquoi est-il si compliqué de se faire tester?

Un homme se fait tester au coronavirus, le 16 juin 2020 à New Delhi

Un homme se fait tester au coronavirus, le 16 juin 2020 à New Delhi - Sajjad HUSSAIN © 2019 AFP

Pour se faire tester au Covid-19 en France en cette fin juillet, mieux vaut s'armer de patience. Si plusieurs centaines de milliers de tests sont disponibles, obtenir un rendez-vous peut s'avérer être un véritable casse-tête.

700.000 tests de dépistage au Covid-19 devraient désormais pouvoir être réalisés en France toutes les semaines, si l'on s'en tient au discours des autorités sanitaires. Or "seuls" 350.000 tests sont actuellement réalisés chaque semaine sur le territoire national, selon les chiffres du syndicat des biologistes datés de vendredi dernier.

Mais en cette période de vacances d'été, trouver un laboratoire et décrocher un rendez-vous pour réaliser un test de dépistage peut se révéler être un véritable casse-tête, en particulier dans les grandes villes comme Paris.

"Il faut fluidifier l'accès aux tests, proposer le test plus simplement et dépister massivement en cas de clusters", a déclaré ce mardi matin sur notre antenne le Pr Jean-François Delfraissy, infectiologue et président du Conseil scientifique.

L'infectiologue raconte avoir essayé de prendre un rendez-vous dans un laboratoire parisien la semaine dernière afin de réaliser un test PCR. "J'ai eu un rendez-vous six jours plus tard. Ça ne le fait pas, ça ne peut pas marcher!", a-t-il déploré face à Laurent Neumann.

Des Français inquiets avant les vacances

Caroline Gutsmuth, directrice générale des Laboratoires Biogroup invitée de BMFTV ce mardi, confirme qu'"il y a un afflux massif de personnes dans les laboratoires français ces dernières semaines". La médecin biologiste explique que cet encombrement est lié à la stratégie de dépistage de masse mise en place par les autorités sanitaires.

Un phénomène accentué par cette période de départs en vacances. "Certains Français veulent savoir (s'ils sont positifs ou non), parce que ça les rassure avant d'aller embrasser leur grand-mère, ou même avant de prendre l'avion pour partir en vacances. Certains pays exigent désormais que vous ayez réalisé un test avant d'entrer sur leur territoire", rappelle la médecin.

Un manque de personnel

"On parle d'une éventuelle reprise de l'épidémie donc les gens sont inquiets, ils ont peur. Ils demandent à se faire tester, c'est légitime", analyse quant à lui Jérôme Marty, médecin généraliste invité également sur notre antenne. "D'autant qu'on sait que cette maladie peut revêtir des symptômes différents, donc nous, en tant que médecins généralistes, dès qu'on a le moindre doute, on envoie nos patients se faire tester".

En France, "on est très fournis en laboratoires de ville, mais ça n'empêche pas d'avoir des bouchons quand il y a un afflux de personnes qui demandent ces tests", explique encore le Pr Marty.

Laboratoires et hôpitaux ne sont pas tous prêts à supporter un afflux de patients. Pour justifier ces interminables files d'attente devant les laboratoires, les deux professionnels de santé avancent un problème de moyens. "Aujourd'hui, on a les tests en grande quantité. On n'a plus de problème de pénurie mais jusqu'alors on manquait de mains", souligne Caroline Gutsmuth.

Dans les laboratoires, jusqu'à la semaine passée, "uniquement les biologistes et les infirmiers étaient autorisés à pratiquer ce test", explique la directrice de ce groupe de laboratoires. Cette dernière se veut tout de même otimiste pour les semaines à venir: "Depuis cette semaine, les techniciens de laboratoire y ont été eux aussi autorisés, et je pense que cela va permettre de diminuer les files d'attente et de fluidifier les choses".

Files d'attente parfois trompeuses

"Il faut des gens pour tester", confiait aussi la semaine dernière Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. "Dans mon hôpital, on manque d'infirmières, je ne peux pas tester les gens qui viennent me consulter", confiait-il, expliquant renvoyer certains patients vers les laboratoires, "où je sais qu'ils vont attendre, que c'est parfois sur rendez-vous, ils n'auront peut-être pas les résultats du test avant 48h, 72h, parfois plus longtemps".

"Ces files d'attentes parfois impressionnantes peuvent être trompeuses", nuance toutefois Caroline Gutsmuth. "Elles ont aussi pour but d'éviter aux gens de patienter à l'intérieur des laboratoires, et permettent ainsi de faire respecter les mesures de distanciation sociale. "Ça fait peur, c'est vrai", concède la professionnelle de santé, "mais ça va souvent assez vite!".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV