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Dépistage du cancer du col de l'utérus: à quelle fréquence si je suis déjà vaccinée?

La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) est recommandée pour les filles âgées de 11 à 14 ans.

La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) est recommandée pour les filles âgées de 11 à 14 ans. - iStock

Contre le cancer du col de l'utérus, il est recommandé de se faire vacciner contre les papillomavirus humains (HPV) et de pratiquer des frottis tous les trois ans. Mais cet examen doit-il être réalisé aussi fréquemment? Non, estiment des chercheurs américains qui recommandent de les espacer pour un meilleur rapport coût-efficacité.

Faut-il revoir la manière dont se déroule la prévention du cancer du col de l'utérus? C'est ce que recommandent dans une étude des chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health en ce qui concerne la partie dépistage, un frottis conseillé tous les trois ans aux Etats-Unis comme en France. Ces derniers suggèrent que des modifications des lignes directrices actuelles seraient bénéfiques pour les femmes vaccinées contre le papillomavirus humain.

Plutôt que de leur recommander un frottis tous les trois ans, ces dernières pourraient le réaliser tous les cinq à dix ans seulement. Les chercheurs se prononcent également pour que ces femmes commencent ce dépistage invasif plus tardivement au cours de leur vie, car elles sont moins à même de développer un cancer du col utérin grâce à la vaccination.

Le papillomavirus est un virus très commun, il en existe plus de 150 types qui se transmettent essentiellement lors de contacts sexuels. Si la plupart sont éliminés par le système immunitaire, certains peuvent être à l’origine de lésions précancéreuses qui peuvent évoluer vers un cancer du col de l’utérus, une dizaine d’années après l’infection en général.

Un dépistage trop intensif, des coûts excessifs

La vaccination préventive cible les types de papillomavirus les plus oncogènes, à l’origine de plus de 70% des cancers du col de l’utérus, soit les virus 16 et 18. Si elle n’élimine pas totalement le risque d’infection du col de l’utérus, elle le réduit fortement. Elle est recommandée pour toutes les filles âgées de 11 à 13/14 ans, dont on peut affirmer l'absence d'infection par un virus HPV, en d'autres termes, avant le premier rapport sexuel.

"Nous voulions savoir ce qui se passerait si nous passions du même type de dépistage pour toutes les femmes, à un dépistage qui prend en compte le fait que les femmes ont été vaccinées contre le HPV et font face à un risque plus faible de cancer du col de l'utérus", explique Jane Kim, qui a mené l'étude. "Nous avons constaté que le dépistage intensif continue chez les femmes vaccinées, ce qui donne des coûts excessifs avec peu ou pas de bénéfices pour la santé".

En clair, ces derniers soulignent que les lignes directrices ne différencient pas les recommandations de dépistage selon l'état de vaccination d'une femme. Les chercheurs ont développé un modèle de simulation pour estimer les risques et avantages des différents protocoles de dépistage. L'objectif était de projeter les effets sanitaires et économiques des différents types de vaccins contre le HPV approuvés et d'identifier la stratégie de dépistage qui permettrait le plus grand bénéfice sanitaire de façon rentable.

Un frottis tous les cinq à dix ans selon le type de vaccin

Les résultats montrent que les femmes ayant le plus faible risque de cancer du col utérin sont celles vaccinées avec le nouveau vaccin Gardasil 9, visant neuf types de HPV qui causent près de 90% de tous les cancers du col utérin. Ces femmes n'auraient besoin que de quatre dépistages par frottis au cours de leur vie, tous les 10 ans à partir de 30 ans.

Les femmes vaccinées avec les versions antérieures du vaccin, le bivalent Cervarix qui protège contre les HPV de type 16 et 18 et le quadrivalent Gardasil (HPV 6, 11, 16 et 18) auraient quant à elles besoin d'un dépistage tous les cinq ans, à partir de 25 ans. Mais de l'aveu même des chercheurs, cette étude comporte des limites.

En effet, leur modélisation part du principe que toutes les femmes sont pleinement vaccinées à la préadolescence, comme le recommandent les autorités sanitaires. En France, "la couverture vaccinale est de l’ordre de 18% et reste insuffisante", précise le ministère de la Santé, qui souhaite remédier à cette situation en passant d'un dépistage individuel (spontané) à un dépistage généralisé à partir de 2017.

L'objectif de ce programme consiste à "inviter les femmes qui ne le font pas spontanément, à faire pratiquer un frottis cervico-utérin tous les trois ans à partir de 25 ans". Une idée qui émane de la Haute autorité de santé. "Étant donné que le vaccin HPV ne protège pas contre tous les génotypes de papillomavirus humain impliqués dans les cancers du col de l’utérus, une couverture optimale par un dépistage reste nécessaire chez les femmes vaccinées", atteste cette dernière.

Alexandra Bresson