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Depakine: un médicament anti-épileptique qui inquiète

La prescription de plusieurs anti-épileptiques comme le Dépakine a été durcie ce mardi par l'ANSM.  Il sera notamment plus difficile d'obtenir ce type de traitement pendant la grossesse.

Un traitement contre l'épilepsie qui serait responsable de malformations chez les nourrissons? C'est ce que dénoncent, depuis plusieurs années des dizaines de familles françaises. Depuis ce mardi, la prescription des médicaments à base de valproate comme le Dépakine, et ses génériques, fait l'objet d'un durcissement, l'Agence du médicament ANSM s'inquiétant des risques de leur utilisation pendant la grossesse.

"Le valproate (et dérivés) est un principe actif aux effets tératogènes connus qui expose à un risque élevé de malformations congénitales", rappelle l'agence sanitaire mardi soir sur son site.

Les nouvelles données disponibles confirment que les enfants exposés in utero présentent un risque accru de troubles neuro-développementaux, autrement dit d'autisme et de retard d'acquisition du langage et de la marche dans jusqu'à 30 à 40% des cas. Mais la molécule a été mise sur le marché il y a 35 ans. Aujourd'hui, les médicaments en question ne sont pas retirés du marché mais le cadre de leur prescription est resserré.

Une première plainte

La semaine dernière une première plainte a été déposée près du procureur de la République de Paris par Me Charles Joseph-Oudin au nom de la famille de Marine Martin, présidente de l'association Apesac et dont les enfants souffrent de malformations à la suite de la prise de ce type d'anti-épileptique pendant la grossesse .

"L'association Apesac demande depuis déjà longtemps que ce médicament ne soit plus prescrit chez la femme enceinte et en âge de procréer", rappelle Marine Martin sur BFMTV. "Aujourd'hui, la France va mettre enfin en application les recommandations européennes".

"Dans 10% des cas, les enfants présentent des malformations physiques", appuie Charles Joseph-Oudin sur BFMTV. "Le risque est énorme. pourquoi a-t-il fallu attendre 35 as pour que ces restrictions interviennent alors que ces informations sont connues depuis le début des années 1980?", s'interroge-t-il.

"Nous comprenons la détresse de ces familles", a déclaré sur BFMTV Pascal Michon, le directeur médical de Sanofi, laboratoire qui commercialise le Dépakine. Mais, assure-t-il, "Sanofi a toujours respecté ses engagements en terme d'information", "ces éléments sur les risques figurent dans les documents d'informations".

Une première prescription mieux encadrée 

Les médicaments concernés sont par ailleurs utilisés pour traiter les épisodes maniaques des troubles bipolaires. Ils ne doivent être prescrits aux filles et aux femmes en âge de procréer, ou aux femmes enceintes, qu'"en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses", précise l'ANSM.

Lorsqu'ils sont indispensables, la première prescription annuelle, au début du traitement "est désormais réservée aux spécialistes en neurologie, psychiatrie ou pédiatrie, selon l'indication" et "requiert un accord de soins", signé de la patiente dûment informée.

L'ANSM recommande aux patientes traitées par ces médicaments de consulter "dans les meilleurs délais" un spécialiste qui décidera de la nécessité ou non de poursuivre le traitement. Il est en revanche déconseillé d'arrêter le traitement sans avoir consulté au préalable. 

A. D. avec AFP