BFMTV
Santé

Dépakine et malformations: un médecin aurait caché des informations à une mère

En France, 80.000 femmes en âge de procréer prennent de la Dépakine.

En France, 80.000 femmes en âge de procréer prennent de la Dépakine. - BFMTV (capture d'écran)

Une mère découvre 17 ans après que les malformations de son fils étaient dues à la Dépakine. La maternité lui aurait caché le dossier médical de l'enfant.

Dix-sept ans après la naissance de son fils, une mère a découvert que les problèmes de santé de son enfant étaient dus à la Dépakine, un médicament prescrit aux épileptiques et aux bipolaires. Elle avait continué à le prendre pendant sa grossesse sur les recommandations de son médecin, selon les informations du Figaro.

Selon le compte rendu d'hospitalisation rapporté par le quotidien, Lionel, au moment de sa naissance, avait "le visage évocateur du syndrome de valproate" et une "position des mains en col de cygne". Dans le dossier, il existe aussi une note laissée par les services de la maternité interdisant de révéler aux parents la nature du diagnostique: "Ce document est confidentiel. Il ne doit pas être remis aux parents. Il contient des termes médicaux qu'il faut expliquer car des révélations inconsidérées peuvent nuire à l'enfant et sont contraires au bon respect du secret médical."

Un comportement autiste

Un document que la mère, Martine, ne découvre qu'en 2013. Son fils a alors 17 ans. Entre-temps, le parcours de l'enfant a été semé d'embûches: troubles du comportement nécessitant un suivi psychiatrique, faiblesse musculaire, souffle au cœur...

Lionel "a marché à 19 mois. Aujourd'hui, alors qu'il a 20 ans, il s'exprime comme un enfant de 12 ans", selon sa mère. Le jeune garçon n'a pas pu suivre une scolarité traditionnelle. S'interrogeant sur les origines de la maladie de son fils, Martine consulte des spécialistes mais reste sans réponses.

Le médecin aurait tenté de dissimuler son erreur

Finalement, elle demande à son ancien neurologue (qui l'avait suivie pendant sa grossesse) de pouvoir consulter son dossier médical. Celui-ci lui fait une réponse surprenante: il y a eu un dégât des eaux dans son cabinet. A l'époque, il lui avait prescrit de la Dépakine.

Contacté par Le Figaro, le pédiatre, qui a également signé le compte rendu d'hospitalisation "confidentiel", indique que les parents de Lionel n'ont pas été informés de sa pathologie car "la maman n'est pas rentrée dans le système de soins avec les consultations postnatales".

Pourtant, "ce pédiatre a reçu Martine et son fils en consultation... dix fois entre la date de sa naissance et novembre 1998. Il ne leur a jamais transmis ce fameux compte-rendu, ne les a jamais informés de la pathologie dont souffrait Lionel, n'a jamais alerté la mère des dangers de la Dépakine en cas de seconde grossesse", note le quotidien. 

Des risques connus depuis 1982

Le laboratoire Sanofi, qui produit le médicament, déconseille la prise de Dépakine pour les femmes enceintes depuis 2005. Pourtant, les risques pour le fœtus ont été relevés dans plusieurs études scientifiques dès 1982.

Selon l'Agence du médicament (ANSM), les nouvelles données disponibles "confirment que les enfants exposés in utero présentent un risque accru de troubles neuro-développementaux (risque accru d'autisme, retard d'acquisition du langage, des fonctions motrices jusqu'à 30 à 40% des cas)". Plusieurs dizaines de familles seraient concernées par les malformations provoquées par le médicament. En France, 80.000 femmes en âge de procréer prennent de la Dépakine. 

Déborah Coeffier