Dans une lettre ouverte à Macron, le président de l'Ordre des médecins réclame un reconfinement

Dans une tribune publiée dès mardi soir sur le site internet de Libération, Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, a demandé au président de la République, au nom du bien public, de reconfiner la population "partout où c'est nécessaire".

Le titre de la tribune publiée dès mardi soir sur le site de Libération ne laisse aucune place à l'ambiguïté dans le message porté: "Monsieur le Président, il nous faut nous confiner". Ecrite par Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, cette lettre ouverte à Emmanuel Macron le martèle: "Face à une situation terriblement grave, s’impose à nous la nécessité de mesures plus strictes, et donc d’un vrai reconfinement partout où c’est nécessaire".

Soucieux de ne pas apparaître en opposant, Patrick Bouet assure: "Ni procureur, ni contempteur, ni candidat, ni militant, mon propos est éloigné de toutes considérations politiques." "En m’adressant à vous aujourd’hui, je n’ai comme seule préoccupation que celle qui guide l’institution que je préside, c’est-à-dire l’intérêt de tous les patients, et le service des médecins partout sur le territoire, quel que soit leur mode d’exercice", poursuit-il.

"Le virus est en train de gagner"

Le médecin généraliste s'inquiète tout haut: "Nous avons perdu le contrôle de l'épidémie", affirmant que le virus est "en train de gagner". Le panorama qu'il dépeint alors est en effet des plus sombres.

"Les patients de plus en plus jeunes, la contamination dans les écoles sont autant d’indicateurs marquants de cette dégradation continue de la situation depuis plusieurs semaines. D’ici quelques jours, particulièrement en Ile-de-France, nos services de réanimation auront dépassé l’actuel stade de saturation ne permettant plus de garantir la bientraitance des patients qu’exige l’éthique médicale. D’ici quelques jours, des médecins pourraient devoir choisir entre les patients sur des critères non médicaux, simplement par manque de moyens ou d’équipements disponibles", écrit-il.

Patrick Bouet illustre avec une formule éloquente le bilan humain du Covid-19 dans l'Hexagone: "Dans quelques semaines hélas, en dépassant les 100.000 morts, l’épidémie aura rayé l’équivalent de la ville de Nancy de la carte de France."

"En attendant le vaccin"

"La vie ne peut plus aujourd’hui supporter aucun arbitrage, aucune hésitation, aucun pari", plaide-t-il, filant: "La vie, toutes les vies, c’est cela qui doit d’abord nous guider aujourd’hui. Choisir la vie, c’est le seul choix éthique possible, c’est celui qui fonde de manière intemporelle l’engagement des médecins."

La péroraison de cet appel au chef de l'Etat ramène le propos de Patrick Bouet à sa plus simple expression. "Je vous demande solennellement de renforcer sans attendre et clairement, nettement, sans détour, les mesures sanitaires", lance-t-il ainsi, achevant: "Monsieur le Président, en attendant que nous soyons massivement vaccinés, partout où la situation est grave, il nous faut nous confiner."

Robin Verner Journaliste BFMTV