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Covid-19: un quart des formes sévères dues à une anomalie génétique ou immunologique, selon plusieurs études

Le service de réanimation à l'hôpital Henri Mondor à Créteil, près de Paris, le 22 juillet 2021

Le service de réanimation à l'hôpital Henri Mondor à Créteil, près de Paris, le 22 juillet 2021 - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

Deux études publiées ce jeudi au sein de la revue Science Immunology démontrent qu'un quart des formes sévères du virus s'expliquent par une anomalie génétique ou immunologique.

Les connaissances sur le Covid-19 continuent de se préciser. Ce jeudi soir, l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a indiqué, dans un communiqué, que selon deux nouvelles études, un quart des formes sévères du virus s'expliquent par une anomalie génétique ou immunologique.

Ces deux nouvelles publications ont été publiées ce jeudi au sein de la revue Science Immunology et sont le fruit d'une collaboration internationale, pilotée par des chercheurs de l’Inserm et enseignants-chercheurs d’Université de Paris et médecins de l’AP-HP au laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses.

Des anomalies génétiques du gène TLR7

Au sein de la première étude, les chercheurs se sont intéressés aux hommes, ces derniers étant plus touchés par les formes graves. Ils ont d'abord séquencé le chromosome X de 1202 patients de sexe masculin ayant eu une forme grave.

Chez 16 patients, ils ont identifié des variants génétiques dits "pertes de fonction" situés au niveau du gène TLR7 conduisent au développement de formes critiques. Car ce gène "joue un rôle majeur dans le mécanisme de production d'IFN 1", une protéine produite en réponse à une infection rivale et qui a pour effet "d’inhiber la réplication du virus dans les cellules infectées", souligne l'AP-HP, avant d'ajouter:

"Les 16 patients présentaient ainsi un déficit d’IFN 1 empêchant leurs cellules de lutter contre l’infection au Sars-Cov-2, expliquant ainsi les formes sévères."

Pour avoir un échantillon représentatif et éviter tout biais ethnique, "les chercheurs ont recruté des patients partout dans le monde, mobilisant 400 centres de recherche dans 38 pays différents", assure l'AP-HP.

"De sorte que les résultats de cette cohorte soient transposables à la population générale. Il en ressort que 1,3% des formes graves de Covid-19 s’expliquent par des anomalies génétiques du gène TLR7 chez les hommes. Ce déficit est plus fréquent (1.8%) chez les malades de moins de 60 ans", poursuit le communiqué.

Des auto-anticorps qui perturbent les IFN 1

Au sein de la deuxième publication, les scientifiques ont démontré que 15 à 20% des formes sévères sont dues à la présence dans le sang des patients d'auto-anticorps "qui visent spécifiquement les IFN 1". Ils ont enrôlé 3595 patients ayant fait une forme critique, 1639 asymptomatiques et 34.159 personnes en bonne santé, provenant de 38 pays différents.

"Il a été mis en évidence que ces anticorps bloquent l’effet protecteur de l’IFN 1 sur la réplication virale. Le virus Sars-Cov-2 pénètre ainsi dans les cellules sans rencontrer de résistance et se réplique de façon incontrôlée", explique l'AP-HP dans son communiqué.

Cette étude a également permis d'observer que ces auto-anticorps dirigés contre les IFN 1 augmentent avec l'âge: ils sont très rares avant 65 ans (0,2 à 0,5%) et augmentent ensuite exponentiellement en vieillissant, atteignant 4% entre 70 et 79 ans et 7% entre 80 et 85 ans.

Si les chercheurs ne savent pas encore pourquoi ils augmentent avec l'âge, cela permet en partie d'expliquer pourquoi l'âge est un facteur de risque majeur dans le développement de formes graves de Covid-19.

Clément Boutin Journaliste BFMTV