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Covid-19: pourquoi le département de l'Ardèche affiche-t-il le taux d'incidence le plus haut de France?

Circulation virale importante, taux de vaccination inférieur à la moyenne nationale, scepticisme de la population... Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'importante résurgence de l'épidémie en Ardèche.

D'un point de vue épidémiologique, c'est le département le plus touché par cette cinquième vague de l'épidémie de Covid-19. Selon les dernières données de Santé Publique France, le taux d'incidence s'élève en Ardèche à 607 cas pour 100.000 habitants entre le 22 et le 28 novembre dernier. Un taux multiplié par quatre en l'espace de trois semaines.

Dans un communiqué en date du 30 novembre 2021, l'Agence régionale de Santé d'Auvergne-Rhône-Alpes s'alarmait de ce taux d'incidence "très supérieur à la moyenne nationale et régionale". À ces mêmes dates, celui-ci s'élevait à 392,5 pour la région et à 310,9 sur l'ensemble du territoire français.

87 personnes actuellement hospitalisées

Au-delà des chiffres, cette importante circulation virale se traduit par la fermeture de nombreuses salles de classe. Elles étaient au nombre de 80 le mardi 22 novembre. Depuis le ministère de l'Éducation a revu son protocole sanitaire et notamment sa règle "un cas détecté = une classe fermée en primaire et maternelle".

S'agissant des données hospitalières, 87 personnes sont actuellement hospitalisées dans le département pour une infection à Covid-19, dont 4 en réanimation. Si le taux d'occupation des lits en réanimation est de 32,9% en Auvergne-Rhône-Alpes, il s'élève à 63% en Ardèche, rapportent nos confrères de France Inter.

Un taux de vaccination parmi les plus bas de l'Hexagone

Concernant la vaccination, le département présente au 30 novembre un taux de 73,4% d'habitants - tous âges confondus - vaccinés contre le coronavirus, un chiffre inférieur à celui rapporté à l'échelle nationale, qui s'élève à 75,8%.

L'Ardèche figure parmi les mauvais élèves métropolitains, même si plusieurs autres départements présentent des taux de vaccination bien inférieurs, comme l'Ain (62,1%) et les Yvelines (62,9).

Faut-il y voir un rejet d'une partie de la population ardéchoise contre les sérums anti-Covid? Oui, mais cette opposition dépasse la seule question vaccinale. Comme le relève France Inter ce mercredi, la chercheuse Lucie Guimier avait enquêté en 2017 sur ce département où la réticence aux vaccins - également observable avec la rougeole - est le fruit d'une longue histoire.

"Il n’est pas anecdotique de rapprocher les résistances politiques historiques de la résistance sociale aux vaccinations, puisque cette dernière s’érige bien contre des forces perçues à tort ou à raison comme des formes de domination: les laboratoires pharmaceutiques, symboles du capitalisme industriel, l’État, qui impose des vaccinations à ses sujets, et la corporation médicale paternaliste", écrivait la docteure en géopolitique dans une tribune parue dans Le Monde.

Ouverture d'un nouveau centre de vaccination

L'ARS a donc décidé fin novembre d'installer un nouveau centre de vaccination au sein de la salle municipale de La Voulte-sur-Rhône, ouvert sans prise de rendez-vous les mardis et jeudis après-midi et les samedis matins.

"Le préfet de l’Ardèche et la directrice de la délégation départementale de l’ARS appellent les ardéchois à continuer à participer à l’effort collectif et se faire vacciner afin d’éviter une aggravation de la situation épidémiologique en Ardèche, peut-on lire dans le communiqué conjointement signé.

En attendant, la préfecture a annoncé ce mercredi 1er décembre la prolongation du port du masque dans plusieurs lieux publics pour tous les Français âgés de plus de 11 ans, rapporte Le Dauphiné Libéré. Une mesure prévue jusqu'au 15 février 2022.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV