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Covid-19: pour le psychiatre Serge Hefez, "l'état de santé mental des Français est devenu calamiteux"

Le psychiatre Serge Hafez, invité de BFMTV vendredi, alerte contre une forte dégradation de l'état de santé mental des Français en raison de l'épidémie de coronavirus.

Derrière la vague épidémique, la vague psychiatrique. En raison de la crise sanitaire, économique et des confinements successifs, "l'état de santé mental des Français est devenu calamiteux", met en garde ce vendredi soir le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez sur le plateau de BFMTV.

"C'est ce qu'on constate sur le terrain, et on ne peut pas dire qu'on ne l'avait pas prédit et qu'on ne l'avait pas prévu", alerte le psychiatre. "Ça fait un moment que l'ensemble des spécialistes agitent toutes les sonettes d'alarme possibles pour dire que le troisième vague allait être psyhiatrique".

Depuis la mi-novembre, le gouvernement souligne que la santé mentale des Français va en se dégradant. Le taux de dépression dans la population a doublé entre fin septembre et début novembre, passant de 10 à 21% dans la population en six semaines.

Entre 10 et 21 % des Français dépressifs

Sur BFMTV, le professeur Serge Hazef "s'étonne de la timidité de nos dirigeants pour parler de ça". "Je suis trés étonné qu'Emmanuel Macron n'ait pas parlé de ça dans son dernier discours, parce qu'à mon avis ces probèmes psychiatriques vont devenir largement aussi préoccupants que l'épidémie de Covid".

Serge Hafez appelle toutefois à faire la différence entre "les répercussions de l'épidémie que tout un chacun connaît" et "la maladie mentale" réelle, dont le taux progresse fortement au sein de la population.

Il distingue la maladie psychiatrique "des craintes par rapport au travail, à l'école, à la maladie qui peut toucher nos proches" qui peuvent occasioner "de l'anxiété, du stress, parfois de la dépression, parfois encore de la colère" ou encore de "la rage".

"Un tunnel long et noir, sans aucune lumière au bout"

"Mais le problème c'est qu'aujourd'hui beaucoup basculent dans la maladie psychiatrique à proprement parler", souligne le professionel. "C'est-à-dire qu'on est pas un peu tristes ou déprimés, on est dans la maladie dépressive et ça c'est 20% de la population à l'heure actuelle".

"Pendant le premier confinement, qu'est-ce qui s'est passé?", s'interroge-t-il encore. "On a tous reçu un coup sur la tête, on était traumatisés mais on en voyait le bout. Dans un magnifique déni, on se disait 'il va y avoir l'été, il va faire chaud' et ce sera fini'. On a exploré cette première expérience ensemble, on a inventé des tas de choses notamment dans le relationnel".

Or la deuxième vague, selon lui, "est venue prendre de plein fouet cet espoir qu'on allait en sortir avec un tunnel totalement noir, totalement long avec aucune lumière au bout, l'hiver qui arrive, le froid, le noir: on s'est tous engouffrés là-dedans avec ajourd'hui une petite lueur au niveau du vaccin et de traitements plus efficaces mais on peut penser à une troisième, quatrième vague. Et puis on pense aux chômeurs, aux étudiants qui sont totalement dévastés par rapport aux études qu'ils ne peuvent pas suivre, aux stages qu'ils ne peuvent pas faire etc." Pour Serge Hazef, désormais "tout le monde est concerné par cette vague psychique".

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV