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Covid-19: Macron appelle à "vacciner, vacciner, vacciner", les médecins déplorent un manque de doses

Les annonces d'Emmanuel Macron sur la vaccination font grincer des dents plusieurs médecins, qui alertent sur le manque de doses disponibles.

Lors de son allocution télévisée ce mercredi soir, Emmanuel Macron a une nouvelle fois insisté sur son souhait d'accélérer encore la campagne de vaccination contre le Covid-19, condition sine qua non à une sortie de la crise sanitaire.

"Nous mettons tous les moyens pour vacciner, vacciner sans répit, sans jours fériés. Le samedi et le dimanche, comme la semaine", a affirmé le chef de l'État, estimant que la fin de la crise sanitaire était "désormais visible".
"Au total, 250.000 professionnels, médecins, pharmaciens, sapeurs pompiers, infirmiers, vétérinaires, sont aujourd'hui prêts à contribuer à ce grand effort national", a-t-il par ailleurs salué.

Emmanuel Macron a ainsi déployé un nouveau calendrier vaccinal. Son objectif: "que tous les Français de plus de 18 ans qui le souhaitent" puissent être vaccinés "d'ici la fin de l'été." La vaccination devrait ainsi être élargie à tous les plus de 60 ans le 16 avril puis, à tous les plus de 50 ans le 15 mai, et enfin au moins de 50 ans à partir de la mi-juin.

"J'ai eu quatre flacons depuis le 26 février"

Ces annonces d'Emmanuel Macron font cependant grincer des dents plusieurs médecins, qui alertent sur le manque de doses disponibles. Ludovic Toro est médecin généraliste en Seine-Saint-Denis. Invité sur notre antenne ce mercredi soir, il témoigne: "j'ai acheté un frigo pour stocker les vaccins. J'étais prêt à vacciner. Mais depuis le 26 février, j'ai eu quatre flacons", explique-t-il.

"J'ai eu un flacon pour la première semaine. Deux la deuxième semaine, et de nouveau un seul flacon la troisième semaine. Depuis, je n'ai plus rien. Voilà la réalité pour un médecin généraliste qui veut vacciner en Seine-Saint-Denis", dénonce-t-il, photographies à l'appui. "Je suis pourtant prêt à vacciner tous les jours, comme le dit le président, matin, midi et soir. Mais donnez-moi des vaccins!"

Dans un communiqué publié le 24 mars, le syndicat des médecins généralistes MG France déplorait ainsi que les médecins soient "freinés dans leur élan par un approvisionnement insuffisant."

"Les dates ne sont pas bonnes"

Même constat chez les pharmaciens. Interrogé par BFMTV.com, Renaud Nadjahi alertait vendredi sur les très faibles distributions dans les pharmacies depuis la mi-mars. Faute de doses disponibles, ce dernier ne pouvait pas vacciner cette semaine dans son officine.

"Nous avons clairement un retard pour un certain nombre de catégories de population: chez les personnes vulnérables et les personnes à haut risque, mais aussi les soignants", déplore Christophe Rapp, infectiologue à l'hôpital américain de Paris, consultant santé pour BFMTV. "Pour rappel, une personne vaccinée est une personne qui a reçu les deux doses de vaccin et dont le schéma vaccinal est complet."

Ce mercredi, 8.516.790 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19, alors que 2.869.832 personnes ont reçu deux les injections.

"Il faudra décaler ce calendrier, les dates ne sont pas bonnes", conclut Christophe Rapp, en référence aux dates fixées ce mercredi par le chef de l'État. "Mais l'important, c'est la dynamique. Maintenant, il faut penser au déconfinement."

L'espoir réside en réalité dans la forte hausse des livraisons prévue au mois d'avril. Au total, 28 millions de doses sont attendues. Parmi elles, 17 millions seront fournies par le laboratoire Pfizer/BioNTech, contre 7,4 millions pour AstraZeneca. Le mois d'avril devrait également être le premier mois d'exploitation du vaccin de Johnson & Johnson, un produit autorisé en mars et qui ne nécessite qu'une seule dose, contrairement aux autres vaccins.

Cyrielle Cabot Journaliste BFMTV