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Covid-19: les enfants et les adolescents seront-ils bientôt vaccinés?

Des enfants masqués en classe, à l'école primaire Petri à Dortmund en Allemagne, le 22 février 2021.

Des enfants masqués en classe, à l'école primaire Petri à Dortmund en Allemagne, le 22 février 2021. - Ina FASSBENDER © 2019 AFP

Le Canada a donné son autorisation ce mercredi pour l'utilisation du vaccin Pfizer/BioNTech chez les 12-15 ans. Plusieurs autres pays réfléchissent aussi à vacciner leurs mineurs et l'Union Européenne doit statuer sur cette question en juin. Un sujet encore délicat alors que plusieurs experts estiment que la vaccination des plus jeunes est primordiale pour atteindre l'immunité collective.

Feu vert pour les ados au Canada. Le ministère canadien de la Santé a annoncé mercredi qu'il autorisait l'utilisation d'un vaccin anti-Covid pour les adolescents dès 12 ans, une première dans le monde.

Dès lundi prochain, tous les Canadiens âgés de plus de 12 ans intégreront le calendrier vaccinal du pays et pourront donc recevoir une injection du vaccin Pfizer/BioNTech. Une étape clé dans la vaccination contre le Covid-19 et une décision qui pourrait bien être suivie par d'autres États dans les semaines à venir.

"Pas d'actualité" pour Olivier Véran

Qui suivra? Sans doute les États-Unis. Une demande d'extension a été faite pour ce même vaccin aux Américains de 12-15 ans. Le feu vert de l'Agence fédérale des Médicaments (FDA) pourrait tomber dès la semaine prochaine. Les deux laboratoires ont déposé une demande similaire auprès du régulateur britannique et prévoient de faire de même dans d'autres pays.

De son côté, l'Agence européenne des Médicaments (EMA) a commencé l'"évaluation accélérée" des données transmises par Pfizer et BioNTech, avec une décision attendue en juin. En Allemagne, cette possible vaccination des adolescents pourrait commencer "au plus tard pendant les vacances d'été", a jugé le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn. Son homologue Olivier Véran estime pour sa part que cette question est "importante, mais pas d'actualité".

"Notre objectif, c'est de continuer à protéger les personnes exposées aux formes graves [...] puis viendra la population adulte. Faudra-t-il dans un troisième temps vacciner les enfants? C'est une question à l'échelle mondiale à travers les études scientifiques dont les premières données montrent que les vaccins sont sûrs et efficaces sur les enfants et à l'échelle des pays à travers les groupes d'experts", a déclaré en avril le ministre de la Santé.

D'autres essais cliniques menés sur les - de 12 ans

La question de l'efficacité sur les mineurs des vaccins, jusqu'ici testés chez les adultes, fait peu de doute, selon l'infectiologue Odile Launay.

"En général, les enfants ont une bien meilleure réponse immunitaire que les adultes", a expliqué à l'AFP la membre du comité sur les vaccins Covid en France, "par contre, réglementairement et éthiquement, on est obligés d'avoir des données de sécurité plus spécifiques à cette population", a-t-elle ajouté.

Les demandes déposées par Pfizer/BioNTech se basent sur les résultats d'une étude clinique de phase 3 sur les 12-15 ans, annoncés fin mars, montrant selon les laboratoires "une efficacité de 100%" du vaccin pour prévenir la maladie. Le vaccin a également été "bien toléré et les effets secondaires étaient généralement cohérents avec ceux observés" chez les 16-25 ans, assurent-ils.

Pfizer/BioNTech n'envisage pas seulement de vacciner les jeunes adolescents: une étude est également en cours pour les enfants de 5 à 12 ans, avec des résultats attendus en juillet.

Une clé pour l'immunité collective?

D'autres laboratoires ont lancé des essais de leur vaccin sur des enfants, à savoir Moderna et AstraZeneca. L'université d'Oxford a néanmoins suspendu début avril l'essai de ce dernier sur les 6-17 ans face au risque rare de thromboses atypiques observé chez des adultes. Il n'y avait à ce stade "pas d'inquiétude concernant la sécurité de l'essai clinique pédiatrique", précise l'université britannique.

Mais l'enjeu de la vaccination des plus jeunes est avant tout la protection du reste de la population.

Or, "si on se fie au niveau de contagiosité du variant britannique, il faudrait probablement que 75% de la population totale, enfants compris, soit vaccinée" pour atteindre l'immunité collective, avance à nos confrères de l'AFP Alain Fischer. Si on ne vaccine pas du tout les mineurs, cela implique de vacciner "80% à 85%" des adultes, ajoute l'immunologue français.

Il est toutefois normal que le sujet soit débattu, car "aller vacciner une population qui ne présente pas de risque de faire des complications pour permettre d'obtenir cette immunité collective, ça peut être discuté", souligne Odile Launay.

"C'est un enjeu dans les pays où la circulation virale est encore très élevée. Mais je ne pense pas que ça fasse sens là où il n'y a quasiment plus de virus", juge de son côté Beate Kampmann, professeure en maladies infectieuses pédiatriques à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, interrogée par l'AFP.

Dans une situation où le virus circulerait peu et où la plupart des personnes fragiles seraient déjà vaccinées, "on éviterait plus de souffrances en laissant les vaccins à des pays où il y a beaucoup de gens gravement malades et de morts, comme en Inde, plutôt qu'en faisant vacciner nos adolescents", ajoute-t-elle.

Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV