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Covid-19: le protocole sanitaire est-il plus strict à l'école ou dans les entreprises?

A la cantine dans un collège de Vincennes (Val-de-Marne), le 1er septembre 2020

A la cantine dans un collège de Vincennes (Val-de-Marne), le 1er septembre 2020 - Martin BUREAU © 2019 AFP

Les lieux de travail comme les structures scolaires, en tant qu'espaces accueillant du public, constituent des endroits potentiellement à risque pour les contaminations au virus.

Alors que l'épidémie de Covid-19 progresse à grands pas, et que le nombre de personnes en réanimation a dépassé lundi le pic de la deuxième vague, de nouvelles mesures de restriction pourraient s'ajouter à celles actuellement en vigueur.

"C'est vrai que pour avoir un gros impact vite, il ne reste plus 50.000 options", reconnaîssait lundi un macroniste auprès de BFMTV. L'entourage du chef de l'Etat, qui pourrait prendre la parole ces prochains jours, insiste sur le fait qu'il n'y a "pas de tabou" au sujet des mesures à prendre.

Les établissements scolaires et les entreprises pourraient constituer des leviers d'action sur la courbe épidémique. A noter que selon le protocole national de lutte contre le Covid-19 en entreprises, le télétravail "peut être considéré comme une des mesures les plus efficaces pour prévenir le risque d'infection au SARS-CoV-2.

· Quels sont les risques de contamination dans les écoles et au travail?

Les lieux de travail ainsi que les établissements scolaires ont un point commun: ils sont des zones de confluence de la population, et génèrent par conséquent un risque de contamination accru des personnes amenées à y évoluer.

En conférence de presse le 18 mars, le Premier ministre Jean Castex indiquait que 29% des contaminations au Covid-19 se faisaient au travail. Un chiffre vraisemblablement issu de l'étude ComCor coordonnée par l'Institut Pasteur, parue en décembre: cette étude mettait en évidence un taux de 28,8% des contaminations survenues dans le milieu professionnel. Ce secteur constitue ainsi le deuxième foyer de contaminations hors foyer, après le cercle familial et avant le milieu amical, selon cette étude.

Publiée début mars, une nouvelle mouture de l'étude ComCor marque une légère inflexion dans le chiffre des contaminations en milieu professionnel, avec 27% des contaminations au virus qui y surviendraient. Le "classement" des lieux de contamination hors foyer reste le même.

Les écoles ne sont pas épargnées par l'épidémie. Elles ne figurent toutefois pas dans l'étude ComCor, qui porte seulement sur les adultes. Le 19 mars dernier, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, tenant d'un maintien des écoles ouvertes, assurait sur BFMTV-RMC que "la plupart du temps", les enfants contaminés l'avaient été en famille et non dans leur établissement scolaire.

"C'est plutôt qu'ils peuvent éventuellement contaminer à l'école quand ils arrivent de leur famille", avait-il argué.

Dans les milieux scolaires, la progression du virus est notable ces dernières semaines. Chaque vendredi, le ministère de l'Education nationale publie un point de situation et des données chiffrées sur l'épidémie dans les écoles, collèges et lycées. Ceux des trois dernières semaines donnent à voir une hausse indéniable, qui suscite l'inquiétude.

Dans le point de situation du 12 mars dernier, 30 structures scolaires et 833 classes étaient fermées en raison du Covid-19. On recensait 9221 élèves et 1106 personnels de l'Education nationale contaminés au cours des sept jours précédents. La semaine d'après, le 19 mars, les chiffres passaient à 80 structures et 2018 classes fermées, et à 15.484 élèves et 1809 personnels contaminés en sept jours. Le dernier point en date, le 26 mars, faisait état d'un nouvel accroissement avec 148 structures scolaires et 3256 classes fermées, et 21.183 élèves et 2515 personnels contaminés en sept jours.

Les chiffres de fermeture des classes devraient subir encore une forte hausse lors du prochain point attendu vendredi 2 avril. Depuis la parution du dernier point de situation, est entré en vigueur lundi une nouvelle règle qui enjoint désormais de fermer chaque classe lorsqu'un cas de contamination est rapporté dans les 19 départements soumis à des mesures supplémentaires de restriction.

Auparavant, (et toujours dans les autres départements) les classes devaient fermer au bout de trois cas de contamination au variant "traditionnel" ou anglais, et au bout d'un cas pour les variants sud-africain et brésilien.

· Quels protocoles dans l'espace de travail et en classe?

Pour les salariés pour lesquels le télétravail n'est pas possible ou envisagé, alors qu'il "doit être la règle pour l'ensemble des activités qui le permettent", le ministère du Travail a mis à jour le 23 mars son protocole national concernant les entreprises. Est notamment rappelé le respect des gestes barrières (lavage régulier des mains régulier, distanciation, aération des pièces...).

Selon les modalités de ce protocole, "chaque collaborateur doit pouvoir disposer d'un espace lui permettant de respecter la règle de distanciation physique d'au moins un mètre par rapport à toute autre personne". Par conséquent, des jauges de capacité peuvent être affichées pour certains lieux, et une réorganisation des horaires des travailleurs peut également être décidée afin de limiter les flux de personnes et la densité humaine dans les locaux.

Le port du masque chirurgical ou un masque en tissu de catégorie 1 est également obligatoire, sauf pour les personnes travaillant en bureau individuel, en l'absence d'autrui. Une désinfection des postes de travail et objets fréquemment manipulés est également de mise, "a minima journalière et à chaque rotation sur le poste de travail", note le protocole. Enfin "les moments de convivialité" tels que les pots à l'occasion d'un départ ou d'une embauche sont proscrits.

Chaque salarié cas contact ou éprouvant des symptômes pouvant s'apparenter à ceux du Covid-19 est tenu de rester chez lui, et de contacter son médecin traitant. Le protocole rappelle également le devoir d'information des entreprises vis-à-vis de leurs employés.

En milieu scolaire, le protocole de sécurité applicable date du 1er février dernier, après plusieurs évolutions. Il s'articule autour de plusieurs points, que l'on retrouve également en milieu professionnel, comme le respect des gestes barrières, le lavage régulier des mains, le nettoyage ou encore l'aération des locaux.

Le port du masque est obligatoire pour tous les adultes et personnels de l'Education national, ainsi que pour tous les enfants à partir du cours préparatoire. Comme en entreprise, ce masque doit être chirurgical ou grand public, de catégorie 1. Les cours d'éducation physique et sportive sont suspendus ne peuvent désormais plus que se dérouler à l'extérieur. Dans les lycées, une alternance de semaines en "présentiel" et en "distanciel" est observée afin de limiter la densité d'élèves et leur brassage.

A l'instar des salariés, "les élèves ayant été testés positivement au SARS-CoV-2, ou dont un membre du foyer a été testé positivement, ou encore identifiés comme contact à risque ne doivent pas se rendre dans l’école ou l’établissement scolaire".

Le principe de la distanciation physique s'applique différemment en fonction de l'âge de l'enfant. En maternelle, elle est requise entre les élèves de groupes différents mais pas entre ceux d'un même groupe, par exemple d'une classe. En primaire, dans les collèges et lycées, elle doit être "d'au moins un mètre lorsqu'elle est matériellement possible" dans les espaces clos, et "ne s'applique pas dans les espaces extérieurs entre élèves d'une même classe ou d'un même groupe, y compris pour les activités sportives".

En outre, les salles de classes doivent être aérées "quelques minutes (...) toutes les heures" et une désinfection "des surfaces les plus fréquemment touchées par les élèves et personnels (...) est réalisée plusieurs fois par jour".

· Quels protocole pour la restauration des salariés et des élèves?

Le moment du repas, qui force tout un chacun à retirer son masque pour se restaurer, est par essence un moment à risque de contamination. Des mesures ont donc été prises pour tenter d'en limiter la portée.

En entreprise, "l'utilisation de paniers repas" doit être privilégiée, particulièrement "dans les situations où le salarié a la possibilité de déjeuner seul dans son bureau et dans un espace aménagé", indique le protocole sanitaire applicable. En dehors de cette possibilité, il est toujours possible d'avoir accès à la restauration collective d'entreprise, mais une adaptation des lieux est nécessaire: le salarié ne doit avoir personne face à lui, et deux mètres doivent le séparer d'un autre. Des plages-horaires sont également aménagées afin de limiter la densité des personnes qui déjeunent à la cantine.

Les employeurs sont par ailleurs tenus de laisser du gel hydroalcoolique à disposition à l'entrée de la cantine, et les objets qui auparavant étaient accessibles à tous, tels que les bacs à couverts, salières, carafes doivent être retirés. Des distributions de bouteilles d'eau individuelles sont privilégiées, et les plateaux constitués par les personnels affectés à la restauration.

Au sein des établissements scolaires, le protocole sanitaire en vigueur proscrit le brassage des élèves. Une distanciation de deux mètres doit être observée entre deux groupes différents d'élèves et "la stabilité des groupes d’élèves déjeunant à une même table est privilégiée".

Une désinfection des tables du réfectoire a lieu "a minima, après chaque service et, si possible, après chaque repas".

Clarisse Martin Journaliste BFMTV