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Covid-19: l'idée d'une quatrième dose fait son chemin en France

Vaccination contre le Covid-19 au centre de vaccination du Palais des Sports de Gerland à Lyon, en France, le 27 novembre 2021

Vaccination contre le Covid-19 au centre de vaccination du Palais des Sports de Gerland à Lyon, en France, le 27 novembre 2021 - JEFF PACHOUD © 2019 AFP

Plusieurs pays ont déjà annoncé l'ouverture à une quatrième dose de vaccin contre le Covid-19 pour les personnes les plus vulnérables. Une possibilité que n'excluent pas les autorités sanitaires françaises.

Une question de temps? Après l'administration du vaccin, généralement en deux doses, puis d'une dose de rappel contre le Covid-19, les voix se multiplient pour envisager une quatrième dose, notamment pour protéger les populations à risques.

Ce jeudi, l'Espagne a donné son feu vert en ce sens, et la France pourrait bientôt suivre.

"Pour l'instant, c'est un rappel, mais peut-être qu'il en faudra un quatrième, je ne sais pas. Je ne sais pas combien de temps va durer le rappel", a déclaré en décembre dernier le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy devant la Commission des Affaires sociales au Sénat. "Il est possible que nous ayons besoin à un moment donné d'une quatrième dose, pour rappeler, et dans quel délai, je ne le sais pas encore", a-t-il ajouté.

Un sujet "en réflexion" selon Alain Fischer

Une possibilité qu'a également évoquée Alain Fischer. Interviewé sur cette question fin décembre par RTL, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a répondu que le sujet était "sur la table".

"Le sujet est en réflexion", a soutenu l'immunologue, précisant toutefois que la "priorité absolue" était à ce stade la poursuit de la campagne de rappel actuelle, qui concerne la troisième dose.

"Il faut obtenir les données concernant le niveau et la durée de protection conférée par le rappel contre le variant. Et en fonction des données, si la protection contre les formes graves diminue ou est stable à un très bon niveau, en fonction de la classe d'âge, si les personnes sont fragiles ou pas, alors il faudra préconiser, dans un délai que je ne peux pas aujourd'hui préciser, sur la nécessité d'un rappel supplémentaire, soit pour tous soit pour les personnes fragiles", a-t-il développé.

"Dès que nos autorités sanitaires auront dit oui, nous irons", a enfin assuré Jean Castex jeudi 6 novembre sur BFMTV et RMC.

De premiers résultats prometteurs en Israël

Un pays a d'ores et déjà mené l'un des premiers essais cliniques sur cette quatrième dose: Israël. Une équipe de l'hôpital Sheba, près de Tel-Aviv, a dévoilé la semaine dernière des résultats préliminaires sur l'efficacité de cette nouvelle injection effectuée sur des personnes ayant reçu leur troisième dose il y a plus de quatre mois et dont le nombre d'anticorps semble avoir diminué depuis.

Selon l'hôpital, "les anticorps (des participants, NDLR) ont été multipliés par cinq, ce qui indique que le vaccin fonctionne et offre une protection contre les complications graves."

Réaction dans la foulée du Premier ministre Naftali Bennett: "la quatrième dose est sûre, la quatrième dose fonctionne." Le dirigeant a également indiqué que "plus de 100.000 Israéliens" se sont d'ores et déjà enregistrés pour obtenir une quatrième dose, ouverte pour l'heure aux personnes de plus de 60 ans ayant reçu leur troisième dose depuis plus de quatre mois.

Plusieurs pays vont l'instaurer

Depuis quelques jours, la liste de pays qui ont franchi le pas ne cesse de s'allonger. Le Chili la réserve pour l'instant aux personnes immunodéprimées tandi que toute personne pourra en faire la demande en Hongrie, après avis médical.

Le Danemark a également annoncé mercredi proposer cette quatrième dose à ses citoyens les plus vulnérables, autrement dit celles et ceux qui ont reçu leur troisième injection au début de la campagne de rappel à l'automne. Sont concernés les immunodéprimés, les malades de cancer ou des personnes souffrant d'arthrite.

Enfin l'Espagne va donc permettre à ses habitants très vulnérables (certains malades du cancer, les personnes transplantées, en dialyse ou celles recevant un traitement immunosuppresseur, NDLR) de bénéficier de cette quatrième injection. Celle-ci ne sera toutefois possible que cinq mois après la troisième dose.

Déjà une réalité en France

Et la France alors? "On va sans doute y venir", estime Christophe Rapp. L'infectiologue à l'hôpital américain de Paris précise néanmoins que cette quatrième dose est déjà une réalité en France chez les immunodéprimés, "on n'a pas attendu les Espagnols"

"Maintenant la question se pose de savoir ce qu'on entend par malades fragiles. On a fait ça chez les transplantés, les dialisés... Maintenant est-ce qu'on va faire ça pour la population de plus de 60 ans? Pour les personnes exposées comme les soignants?", s'interroge le consultant santé de BFMTV, s'attendant à ce que d'autres pays se lancent sur cette quatrième dose.

Une solution, mais à court terme? "Évidemment que l'horizon n'est pas celui d'avoir quatre doses mais une dose annuel", explique Mircea Sofonea sur BFMTV. Le maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses y verrait alors une analogie avec le vaccin contre la grippe: "c'est un peu vers cela qu'on tend".

Hugues Garnier Journaliste BFMTV