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Covid-19: la piste des reconfinements locaux, bonne solution pour affronter la deuxième vague?

Alors que le gouvernement a prévenu qu'il envisageait de nouvelles mesures de lutte contre le virus en France, et qu'Emmanuel Macron doit prendre la parole mercredi, les Français redoutent l'hypothèse de reconfinements locaux. Mais cette solution serait-elle vraiment payante?

À deux jours de l'interview télévisée d'Emmanuel Macron, le gouvernement a prévenu que "des restrictions supplémentaires" pourraient être annoncées en vue d'enrayer la recrudescence du coronavirus. Interrogé ce lundi, le Premier ministre Jean Castex n'a pas exclu de reconfinements locaux, reconnaissant pour la première fois que la France faisait face à "une deuxième vague forte".

"Rien ne doit être exclu quand on voit la situation dans nos hôpitaux", a prévenu le chef du gouvernement à propos de la possibilité de reconfinements locaux, alors que le nombre de nouveaux cas positifs s'envole ces dernières semaines et que les hôpitaux approchent de la saturation, surtout en Ile-de-France.

Mais mettre en place des reconfinements locaux dans les zones ou les villes les plus touchées par l'épidémie pourrait-il vraiment être pertinent pour faire reculer le Covid-19? Jusqu'alors, les scientifiques sont partagés face à cette idée.

Vers des reconfinements locaux courts?

Certains, comme le professeur Jacques Reynes, estiment que "si on confine de façon efficace, normalement on aura éteint le feu au bout de 2-3 semaines". Pour le chef du service des maladies infectieuses du CHU de Montpellier, la situation épidémiologique actuelle en France requiert la prise de nouvelles mesures de restrictions, mais pas nécessairement de mesures sur le long-terme comme ce fut le cas au printemps dernier.

"On parle beaucoup de confinement, mais il y a aussi le problème du timing du confinement, et de sa durée", explique Jacques Reynes. Pour lui, la solution "n'est peut-être pas de partir sur des mois et des mois" de confinement.

Un avis partagé par le docteur Rémi Salomon, président de la Commission Médicale d'Établissement de l'APHP. "Je ne sais pas s'il faudrait un couvre-feu ou un reconfinement généralisé, peut-être faudrait-il des mesures moins radicales, mais ce qui est sûr, c'est qu'il est nécessaire de ralentir la propagation du virus. C'est absolument indispensable car nous risquons de faire face à une situation extrêmement compliquée dans nos hôpitaux".

Interrogée sur l'utilité d'éventuels reconfinements locaux, Catherine Hill, épidémiologiste et biostatisticienne interrogée sur BFMTV, estime que cette mesure ne serait en réalité qu'une pause dans une chaîne continue de contamination. Cette scientifique considère que si reconfinements il devait y avoir, ceux-ci devraient s'accompagner d'une nouvelle politique de dépistage.

Reconfiner "pour pouvoir tester"

"Les pays qui ont contrôlé l'épidémie ont confiné pour tester. C'est ce qui s'est passé à Pékin", explique sur notre antenne Catherine Hill. "Quand il y a eu une résurgence de l'épidémie, on a confiné une partie de la population de la ville qui compte 22 millions d'habitants. Ils ont fait 2.3 millions de tests en 10 jours et sont de nouveau arrivés au résultat qu'il y avait 0 cas à Pékin pendant une longue série de jours."

Ce lundi, la Chine menait par ailleurs une nouvelle campagne massive de dépistage: dans la province du Shandong, les 9 millions d'habitants de la ville de Qingdao vont être testés après la découverte de 12 nouveaux cas de Covid-19 dans la mégapole.

"Nous, on n'a jamais cherché à contrôler, on a décidé de vivre avec le virus", déplore-t-elle. "Or le virus va vite et il se cache chez les porteurs asymptomatiques qui continuent à propager l'épidémie". L'épidémiologiste appelle à "changer totalement de stratégie": "il faut faire des tests groupés et/ou des tests antigéniques (...) on ne s'en sortira que le jour où on décidera de dépister massivement la population".

Avec Toulouse et Montpellier qui basculent ce lundi soir à minuit, la France compte désormais neuf villes et le département de la Guadeloupe en zone d'alerte maximale. Sur ces territoires, les bars sont désormais fermés, les salles de sport également et l'accueil est limité dans les restaurants. À Aix-Marseille, ces mesures ont été prolongées pour 15 jours supplémentaires.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV