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Santé

Covid-19: des chercheurs en "bonne voie" pour détecter le virus dans l'air expiré

Un chercheur travaille sur un vaccin contre le Covid-19 à l'université de Copenhague le 23 mars 2020

Un chercheur travaille sur un vaccin contre le Covid-19 à l'université de Copenhague le 23 mars 2020 - Thibault Savary © 2019 AFP

Cela pourrait permettre, selon les chercheurs, d'effectuer un premier tri entre les personnes malades et non malades à l'arrivée à l'hôpital, en cas de seconde vague épidémique.

Des chercheurs du CNRS s'estimaient vendredi en "bonne voie" pour parvenir à détecter le Covid-19 dans l'air expiré d'une personne malade, en analysant la composition chimique de son souffle.30.000 informations par seconde

"On est plutôt confiants d'être sur la bonne voie", affirme à l'Agence France Presse Christian George, directeur adjoint de l'Institut de recherches sur la catalyse et l'environnement de Lyon (Ircelyon).

30.000 informations par seconde

"Il y a encore deux mois, on savait encore peu de choses sur cette maladie, et là, on commence à avoir des informations qui se précisent quasi de jour en jour", relève-t-il.

Depuis juin, une équipe de chercheurs, installée à l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, a comparé les expirations de "quelques dizaines" de patients atteints du Covid-19 et de sujets sains, grâce à un gros appareil équipé d'un long tube flexible, appelé spectromètre de masse.

"Quand une personne souffle dans l'appareil, on enregistre la composition chimique de l'air expiré", explique Christian George, précisant que chaque expiration contenait 30.000 informations par seconde. Ce dernier précise réaliser un "traitement statistique" afin de comprendre "quelles sont les informations qui diffèrent des patients des personnes saines", poursuit-il.

"Les premiers calculs ont montré qu'on peut séparer les patients des personnes saines", se félicite-il avec prudence, en rappelant que "dans un projet de recherche, tout peut aller de travers jusqu'au dernier moment".

Des éthylotests pour Covid-19?

Il reste en effet des étapes à franchir. Comme la réalisation d'une "spéciation chimique" pour déterminer les composés volatiles typiques du Covid-19, une sorte de "signature" propre qui se retrouverait dans le souffle.

"Il faut maintenant qu'on s'assure que ce qu'on observe est spécifique au Covid et que d'autres maladies respiratoires ont une signature bien distincte", prévient le chercheur.

Identifier cette signature du Covid-19 permettrait notamment d'aboutir à un système de détection très simple, de type "éthylotest, avec une lumière verte et rouge" alors que "la machine que nous utilisons actuellement est chère et compliquée à utiliser", souligne encore Christian George.

Une "nouvelle ère du diagnostic médical"

Cette complexité en fait un outil peu adapté à l'environnement hospitalier, selon le chercheur. Toutefois, en cas de "deuxième crise (épidémique) à l'automne", "il n'est pas impossible qu'on puisse être (...) prêts pour faire un premier tri (entre les personnes malades et non malades) à l'arrivée de l'hôpital", envisage le directeur adjoint de l'Ircelyon .

Selon lui, cette méthode de détection par le souffle pourrait même marquer "le début" d'une "nouvelle ère du diagnostic médical", et être étendue à d'autres pathologies respiratoires.
Par E.P avec AFP