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Covid-19: comment Boris Johnson justifie la levée des restrictions en pleine reprise épidémique

Le Premier ministre britannique Boros Johnson le 14 juin 2021, intervenant sur la pandémie

Le Premier ministre britannique Boros Johnson le 14 juin 2021, intervenant sur la pandémie - Jonathan Buckmaster © 2019 AFP

"Il pourrait y avoir 50.000 cas détectés par jour d'ici le 19 juillet", a averti le Premier ministre, qui compte jouer sur la saisonnalité du coronavirus.

L'annonce interpelle et inquiète. Lors d'une conférence de presse tenue ce lundi outre-Manche, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé la fin du port du masque et de la distanciation sociale en Angleterre dans deux semaines, à partir du 19 juillet, ainsi que la levée des principales restrictions liées au Covid-19, dans un pays où la circulation du virus et le nombre de cas quotidiens augmentent pourtant.

"Rester prudent"

Dans un premier temps, l'ancien maire de Londres a estimé que cet assouplissement reposait sur la "responsabilité individuelle" de chacun face à la maladie, rappelle The Guardian. Ainsi, concernant la fin du port obligatoire du masque, contre laquelle des scientifiques et des médecins se sont élevés, ce dernier a expliqué vouloir s'"éloigner des restrictions légales et permettre aux gens de prendre leurs propres décisions éclairées sur la façon de gérer le virus".

Si le dirigeant conservateur a évidemment appelé à "rester prudent", indiquant que lui-même porterait un masque dans des lieux très fréquentés, il a tenu à rester honnête avec ses concitoyens. Selon lui, les cas de Covid-19 devraient atteindre les 50.000 d'ici quinze jours et le nombre de morts liés à la maladie devrait lui aussi augmenter.

"Comme nous l'avons prédit dans la feuille de route, nous voyons les cas augmenter assez rapidement - et il pourrait y avoir 50.000 cas détectés par jour d'ici le 19 et comme nous l'avions prédit, nous assistons à une augmentation des admissions à l'hôpital", a-t-il dit.

Éviter un hiver en enfer

Face à ce constat, l'idée même de la réouverture pose question. Lors de sa conférence de presse, Boris Johnson a pourtant souligné que le moment était le bon pour rouvrir, en particulier grâce aux efforts faits par le pays en ce qui concerne la vaccination.

"Si nous n'allons pas de l'avant maintenant alors que nous avons clairement fait tant de choses avec le programme de vaccination [...] alors la question est 'quand allons-nous continuer?' Nous courons le risque soit de nous ouvrir à un moment très difficile où le virus a un avantage, pendant les mois les plus froids, soit encore de tout reporter à l'année prochaine", a-t-il déclaré.

Selon plusieurs études et spécialistes, le Covid-19, coronavirus saisonnier, est en effet bien plus puissant et contaminant durant les mois les plus froids. Au cours de cette même conférence de presse, le professeur Chris Whitty, conseiller médical en chef du gouvernement britannique, est allé dans le sens de Boris Johnson.

"Beaucoup de gens, y compris moi-même, pensent que commencer en été présente certains avantages par rapport à une réouverture à l'automne, lorsque les écoles reprennent et lorsque nous nous dirigeons vers l'hiver, période où le service de santé a tendance à être soumis à une plus grande pression pour de nombreuses autres raisons", conclut-il.

La vaccination se poursuit

Initialement prévue pour le 21 juin, la levée des dernières restrictions avait été repoussée d'un mois, au 19 juillet, en raison de la flambée du variant Delta, beaucoup plus contagieux. Ce variant, initialement détecté en Inde, représente désormais la quasi-totalité des nouveaux cas au Royaume-Uni, où les contaminations quotidiennes se sont rapprochées des 30.000 ces derniers jours.

Pays d'Europe comptant le plus de personnes tuées par la pandémie (128.000) après la Russie, le Royaume-Uni et ses 66 millions d'habitants sont progressivement sortis d'un troisième confinement hivernal, avec la réouverture des restaurants, des commerces non-essentiels et des lieux culturels.

Le gouvernement estime qu'à la date du 19 juillet, les deux tiers des adultes seront complètement vaccinés contre le Covid-19. Pour accélérer la campagne de vaccination, Boris Johnson a annoncé lundi que l'intervalle pour les moins de 40 ans entre les doses de vaccins serait réduit, passant de 12 à huit semaines.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV