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Covid-19: avec le variant Delta, sera-t-on "soit malade, soit vacciné"?

Une infirmière administrant le vaccin Pfizer/BioNTech à une collègue à Pessac le 8 janvier 2021.

Une infirmière administrant le vaccin Pfizer/BioNTech à une collègue à Pessac le 8 janvier 2021. - Mehdi Fedouch

La progression du variant Delta sur le territoire français pousse les autorités à multiplier les appels à la vaccination en pleine période estivale. À ces messages s'ajoutent ceux de spécialistes affirmant que toutes les personnes non vaccinées seront contaminées par cette souche du virus.

La menace que représente désormais le variant Delta sera notamment évoquée lors du Conseil de défense sanitaire qui doit se tenir ce mercredi matin à l'Élysée. L'exécutif, inquiet des nouvelles souches du Covid-19, n'exclut pas d'instaurer des restrictions pour contenir ou du moins retarder l'émergence d'une quatrième vague.

Si les appels à la vaccination ne cessent de se multiplier, certains spécialistes n'hésitent pas à forcer le trait pour alerter la population sur la dangerosité de ce variant, porteur de la mutation L452R - désormais majoritaire dans trois régions de France.

Lila Bouadma, réanimatrice à l'hôpital Bichat à Paris, a pour sa part estimé qu'il n'y a pas d'autres solutions que la vaccination pour se protéger contre le variant Delta: "On sait qu'avec cette souche extrêmement contagieuse on sera soit malade, soit vacciné."

"Le nombre de gens vaccinés en France n'est pas suffisant pour éviter une quatrième vague d'hospitalisation, de formes graves en réanimation", a détaillé mardi soir sur BFMTV la membre du Conseil scientifique. En l'absence d'une couverture vaccinale suffisante, et avec la présence de variants plus contagieux comme le Delta, "cet automne, un pic d’hospitalisations important est possible en l’absence de toute mesure de contrôle de l’épidémie", alertait effectivement l'institut Pasteur dans de récentes modélisations.

"Personne n'y échappera"

En somme, ce serait le vaccin ou le virus. Des propos quelque peu sommaires mais partagés par le directeur de l'Agence régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine. Invité samedi dernier sur le plateau de BFMTV, Benoît Elleboode alertait lui aussi sur l'expansion du variant Delta dans toute la France.

"Personne n'y échappera, toute personne non vaccinée sera contaminée par le variant Delta", affirmait le directeur de l'ARS et ce, "même s'ils ont été malades avec une précédente souche du virus".

"Soit on est vacciné et on attrape pas le virus, soit on est vacciné et on attrape le virus mais dans ce cas-là on contaminera moins d'une personne en moyenne", poursuivait Benoît Elleboode, soulignant ainsi l'effet des vaccins sur la transmission du variant Delta.

"Cela ne veut pas dire que les gestes barrières ne servent à rien, ils nous permettent de retarder cela et de nous donner le temps de vacciner", ajoute enfin le médecin, présenté comme proche du ministre de la Santé.

"Tous les non-vaccinés ne sont pas de potentiels malades"

Un raisonnement "un peu court" selon Rémi Salomon. Le président de la commission médicale d'établissement de l'AP-HP estime qu'il ne faut pas non plus oublier l'importance des gestes barrières (port du masque, distanciation sociale, lavage des mains etc.). "Delta fait courir un risque beaucoup plus important de payer cash les écarts, mais les gestes barrières protègent contre tous les variants", abonde le chercheur en immuno-oncologie Eric Billy dans Le Parisien.

"Toutes les personnes non-vaccinées ne sont pas de potentiels malades, c'est une grosse erreur", estime l'épidémiologiste Yves Coppieters sur BFMTV ce mercredi. "Maintenant, il y a une probabilité chez les personnes qui ne sont pas protégées par une immunité naturelle ou vaccinale de développer la maladie et des formes graves si elles ont des facteurs de risque."

La vaccination n'empêche pas totalement la contamination

"Même attentif on peut attraper le Covid", ajoute Rémi Salomon sur son compte Twitter, en relayant les propos de Benoît Elleboode.

"On peut être contaminé même en étant vacciné mais le risque est très réduit. Mais surtout le vacciner diminue dix à vingt fois le risque de faire une forme grave", soutient le professeur Rémi Salomon.

Contacté par nos confrères du Parisien, Benoît Elleboode le conçoit: son discours avait un ton "inquiétant". Le directeur de l'ARS Nouvelle-Aquitaine affirme néanmoins que sa prise de parole se voulait avant tout pédagodique "car le message (relayé par les autorités sanitaires, NDLR) ne passait pas". "Beaucoup de gens ne se font pas vacciner en pensant qu'ils vont échapper au virus", juge-t-il.

"Pour faire comprendre les choses, il faut le dire clairement. Mais oui, peut-être que certaines personnes qui vivent cloîtrées chez elles ou qui font très attention ne seront pas infectées", reconnaît Benoît Elleboode.
Hugues Garnier Journaliste BFMTV