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Couvre-feu avancé à 18 heures à partir du 2 janvier: une mesure trop tardive?

Dans son avis du 23 décembre rendu public mardi soir, le Conseil scientifique proposait une action immédiate, "dès le 28 décembre" avec un "confinement strict" dans les régions ou les villes les plus touchées. Cette option a, de fait, été écartée par le gouvernement.

Dans un avis remis au gouvernement le 23 décembre dernier mais rendu public ce mardi soir le Conseil scientifique craignait une "reprise incontrôlée de l'épidémie" de Covid-19 en janvier à cause du "surcroît de contaminations" provoqué par les fêtes de fin d'année.

Alors que la situation est alarmante dans plusieurs départements, notamment dans le Grand-Est et les Alpes-Maritimes, Olivier Véran a annoncé mardi soir sur le plateau de France 2 envisager une extension du couvre-feu à 18h dans une vingtaine de départements où le taux d'incidence est supérieur au seuil d'alerte maximum (soit 250 cas pour 100.000 habitants). L'idée d'un confinement "local ou national" est cependant "écartée", a-t-il assuré.

"Il faut trouver un équilibre"

Dans son avis, le Conseil scientifique proposait cependant une action immédiate, "dès le 28 décembre" avec un "confinement strict" dans les régions ou les villes les plus touchées. Cette option a, de fait, été écartée par le gouvernement.

Plusieurs élus locaux appellent pourtant à des reconfinements ciblés. Pour le maire socialiste de Nancy Mathieu Klein, un confinement local semble ainsi "inéluctable" dans sa ville. L'édile de Reims, Arnaud Robinet, appelle quant à lui à un nouveau confinement avant la prochaine rentrée du 4 janvier.

"La situation n'est pas catastrophique. En termes du nombre de patients atteints du coronavirus en réanimation et du nombre de personnes hospitalisées, la situation est globalement contrôlée", rappelle sur BFMTV Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne, à Bobigny. "Je ne suis pas sûr qu'il y ait une urgence à décréter un reconfinement immédiat et strict alors qu'on sait que ces mesures ont des conséquences sanitaires, notamment sur le plan psychologique et phsychiatrique".

"D'un point de vue sanitaire, il faudrait aller plus vite. D'un point de vue sociétal, non. Donc nous devons trouver un équilibre", abonde Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses et tropicales au Centre hospitalier universitaire. "On a vu que le couvre-feu avait des effets positifs sur la circulation du virus. L'avancer un peu va permettre de réduire encore un peu plus les possibilités de transmission du virus."

De nouvelles mesures à partir du 7 janvier?

La deuxième option proposée par le Conseil scientifique était une réponse "différée" à début janvier, et "adaptée au surcroît de contaminations intervenues en fin d'année". C'est donc celle-ci qui a été privilégiée par l'exécutif.

"On sait que le gouvernement agit de façon progressive", explique Frédéric Adnet. et de poursuivre: "Le couvre-feu est avant tout une mesurette qui va permettre de relever la garde et d'agir par paliers".

"C'est aussi ce couvre-feu qui va permettre aux Français des zones concernées de rentrer de vacances et de faire la rentrée scolaire sereinement. Les nouvelles mesures interviendront certainement après, aux alentours du 7 janvier", juge de son côté notre éditorialiste politique Christophe Barbier.

Une troisième option avait été évoquée par le Conseil scientifique, "une réponse plus tardive", fondée notamment sur le nombre de nouvelles hospitalisations. Celle-ci risquerait cependant d'intervenir trop tard et d'entraîner des mesures plus sévères.

"La seule solution c'est le vaccin"

"De toute façon, la solution ce n'est pas les confinements, déconfinements, reconfinements. La seule solution c'est le vaccin", martèle sur notre antenne Jean-Paul Stahl. Une conclusion partagée par Frédéric Adnet qui appelle le gouvernement à "accélérer la campagne de vaccination."

"Nous avons fait en France un autre choix que je revendique qui est de nous appuyer sur les médecins, les professionnels de santé, de vacciner les personnes âgées en Ehpad et ne pas les faire se déplacer. Cela prend plus de temps au démarrage. Ce délai, je l'assume, il est même revendiqué", a justifié le ministre de la Santé sur France 2.

Cyrielle Cabot Journaliste BFMTV