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Santé

Coronavirus: les syndicats policiers récupèrent des masques dans les régions

En désaccord avec les directives du ministère de l'Intérieur sur l'usage de ces protections, les syndicats ont obtenu des stocks de masques des régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.

Des syndicats de policiers ont décidé de faire appel aux régions pour doter tous les agents de masques, afin de passer outre les directives du ministère de l'Intérieur sur l'emploi au cas par cas de ces protections par les forces de l'ordre.

À grand renfort médiatique, le syndicat Alliance a ainsi annoncé mercredi avoir récolté 50.000 masques auprès de la région Île-de-France après en avoir obtenu quelques dizaines de milliers de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Face à ce qu'il qualifie "d'incompétence" de Beauvau, le syndicat Unité SGP Police a fait de même, son secrétaire général Yves Lefebvre obtenant aussi de la région Île-de-France 50.000 masques qui lui seront remis vendredi. 

Une demande qui remonte au début de l'épidémie

Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, les syndicats de policiers, tous grades confondus, donnent de la voix pour réclamer des masques en quantité afin d'assurer la protection des fonctionnaires et demander une révision de la doctrine ministérielle.

Mais la position du ministère de l'Intérieur ne varie pas d'un iota: les masques de type chirurgicaux ou de type FFP2 doivent être réservés aux personnels de santé; et policiers comme gendarmes sont dotés de masques qu'ils peuvent utiliser en cas de confrontation avec une personne présentant des signes du Covid.

Une doctrine qui hérisse les syndicats. Ils estiment qu'elle ne correspond pas aux réalités du terrain et y voient une manière de dissimuler une "carence" de l'État dans la gestion des masques.

Si bien qu'ils ont décidé de toquer à la porte des collectivités locales et en particulier des régions, manière pour eux de souligner que l'État serait défaillant. Pourtant "le sujet des masques n'en est plus un puisque les services ont été largement dotés", assure une source policière auprès de l'AFP.

"Le problème, c'est la doctrine"

"Il y a beaucoup moins de tensions", reconnaît Christophe Rouget du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). "Aujourd'hui, le problème n'est pas les masques mais la doctrine".

"Que des collectivités territoriales souhaitent fournir des masques aux forces de l’ordre relève d’une louable intention", indique la place Beauvau à l'AFP.

"Cependant on parle d'un peu plus de 100.000 masques, à mettre en rapport avec les 3,6 millions de masques déjà distribués par le ministère à ses agents et aux 14 millions de masques supplémentaires qui seront distribués d’ici à la fin avril, loin de la 'carence' dénoncée par le secrétaire général d'Alliance", ajoute-t-on de même source.

"On a voulu cacher une carence"

"On a voulu cacher une carence et une insuffisance là-dessus, a insisté auprès de l'AFP Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d'Alliance.. Des masques, il y en aurait plus si on faisait preuve de volonté et si on acceptait les masques de certains", quelle que soit la couleur politique du donateur"

Les régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes sont présidées, la première par Valérie Pécresse et la seconde par Laurent Wauquiez (LR). Deux figures de l'opposition de droite. Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez assurent qu'il n'est pas question pour eux de polémiquer avec l'Etat.

La région Île-de-France "a déjà distribué 10 millions de (masques) dans un ordre de priorité fixé par l'État: d'abord les soignants, les Ehpad (...) les maires (...) et maintenant tous ceux qui exercent les fonctions essentielles au pays (transporteurs routiers, ambulanciers, policiers…)", a déclaré ainsi mercredi Valérie Pécresse, lors de la remise de 50.000 masques destinés aux forces de police.

"Sans esprit polémique"

Il y a peu, la région avait donné à la préfecture de police de Paris (PP) 100.000 masques, mais ceux-ci avaient été finalement remis par la PP à l'ARS, à la demande du ministère de l'Intérieur, a appris l'AFP dans l'entourage de Valérie Pécresse.

Questionnée à ce sujet, la présidente a répondu: "la proposition (de donner des masques aux policiers) n'a pas été entendue par l'État qui a donné la priorité aux soignants et aux malades, ce qui est logique". Et d'insister à plusieurs reprises sur le rôle prééminent de l'État: "Moi je fais la distribution de masques en accord avec les autorités de l'État (…). L'État doit donner les priorités sanitaires, c'est logique".

"Nous ne souhaitons pas faire des opérations politiques d'opposition", a déclaré à l'AFP Frédéric Péchenard, ancien responsable policier et vice-président de l'Île-de-France.

Même prudence chez Laurent Wauquiez. "Nous avons été sollicités et j'ai prévenu le ministre de l'Intérieur de cette demande, lui précisant que sauf contre-ordre nous ferions cette distribution", a-t-il expliqué à l'AFP, en mettant l'accent sur la "coopération étroite entre la région, l'État et le préfet". "La contribution de la région se fait sans esprit polémique", a-t-il insisté.

F.B. avec AFP