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Coronavirus: la fête musulmane de l'Aïd sous le signe de la prudence

Dans une mosquée à Marseille, le 15 mai 2020. (photo d'illustration)

Dans une mosquée à Marseille, le 15 mai 2020. (photo d'illustration) - CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

A partir de vendredi, les musulmans doivent se réunir pour célébrer l'Aïd el-Kebir. Mais cette année, le contexte sanitaire particulièrement lourd oblige à adapter les festivités.

Les musulmans s'apprêtent à entrer dans une période très à part de leur calendrier. Ce vendredi, et jusqu'au 4 août prochain, ils célèbreront en effet l'Aïd el-Kebir (ou "grande fête" en arabe), aussi appelée Aïd al-Adha (ou "fête du sacrifice), soit le plus grand rendez-vous de l'année islamique.

Pour les fidèles, il s'agit de commémorer la foi absolue témoignée par Abraham (ou Ibrahim pour les musulmans) envers Dieu. Une signification qui dérive d'un récit de la sourate 37 du Coran: alors que le second avait exigé, au travers d'un rêve, du premier qu'il sacrifiât son fils pour l'éprouver, la volonté divine avait ensuite substitué un mouton à son enfant, via une intervention de l'ange Gabriel. Cet épisode coranique, puisé originellement dans l'Ancien Testament, explique la consommation du mouton - après son abattage dans un des établissements agréés - par les familles musulmanes. La découpe de l'animal et la distribution de sa viande soulignent par ailleurs la symbolique du partage portée par l'Aïd.

Le CFCM édicte des consignes précises

L'Aïd el-Kebir s'affirme donc comme un événement particulièrement suivi, a fortiori cette année où il tombe un vendredi, jour de la prière collective hebdomadaire musulmane. Seulement voilà: lors de cette édition, la menace sanitaire représentée par la circulation du coronavirus sur le territoire va bousculer les habitudes.

Sur son site, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a donc édicté ses consignes en conséquence. Pendant toute la durée des prières et des rassemblements, masques et distanciation physique - un mètre devant séparer les fidèles entre eux - seront de mise.

Chacun aura également à charge de se laver les mains régulièrement. Il est aussi fortement conseillé d'éviter toutes poignées de mains et embrassades. Le tapis, élément essentiel du rite musulman, est aussi au centre des préoccupations: les croyants devront ainsi apporter le leur avec eux. Si, en principe, les musulmans font leurs ablutions dans une salle de la mosquée prévue à cet effet, ils devront cette fois y pourvoir à leur domicile.

Afin d'empêcher une large diffusion du virus et de se conformer à la loi qui proscrit pour le moment les rassemblements de plus de 5000 personnes, l'institution régissant le culte musulman cherche aussi à décourager la constitution de foules trop nombreuses. "S’agissant d’une période de rassemblements à haut risque, le CFCM appelle les personnes vulnérables à se protéger davantage et à ne pas se rendre aux rassemblements. Ils peuvent accomplir la prière de l’Aïd chez eux", peut-on lire.

Les mosquées s'adaptent

Tandis qu'il est demandé d'abréger les prêches, le CFCM suggère aux mosquées se trouvant dans l'impossibilité d'appliquer ces mesures de prudence de renoncer à l'organisation de la prière collective de vendredi. Quant à celles qui ont choisi d'en tenir plusieurs dans la journée afin de réguler l'affluence, elles se doivent de "les espacer suffisamment pour éviter que les fidèles se croisent".

Les lieux de culte ont déjà arrêté leurs options. Le Parisien a sondé les responsables de mosquées d'Île-de-France, région où le Covid-19 circule vivement, listant les exemples de leurs divers efforts d'adaptation à la situation. Ainsi, certaines mosquées, comme à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, mèneront deux à trois prières durant la journée, manière de faciliter la distanciation physique.

A Créteil, dans le Val-de-Marne, rapporte encore le quotidien, la mosquée Sahaba a prévu de réduire de moitié environ le nombre de places disponibles. D'autres croyants se réuniront en plein air, ajoute le journal. Ce sera notamment le cas à Creil, dans l'Oise, où la célébration aura lieu au stade vélodrome de la ville, ou encore à Noyon, dans le même département, où l'on se rassemblera sur le terrain de rugby.

Le Conseil français du culte musulman a formulé une dernière recommandation, regardant les moutons. "L’acte sacrificiel ayant lieu dans les abattoirs, qui sont des potentiels clusters, doit encourager le sacrifice par délégation, l’étalement du sacrifice sur trois jours et la livraison des sacrifices à des points plus sûrs", énonce-t-il.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV