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Coronavirus: arrive-t-on à la fin de l'épidémie?

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Alors que le nombre de contaminations semble diminuer dans l'ensemble des pays d'Europe, certains veulent y voir un signe de la fin de l'épidémie. Les médecins, eux, appellent à rester prudents.

Depuis maintenant plusieurs jours, le nombre de personnes hospitalisées en France à cause du coronavirus est en baisse. Même constat pour le nombre de morts recensé chaque jour. Et cette tendance se retrouve partout en Europe: alors que les pays entament progressivement leur déconfinement, l'épidémie semble reculer.

Pour certains scientifiques, ces indicateurs à la baisse annoncent ce que chacun espère: la fin de l'épidémie.

"L'épidémie de coronavirus prend une forme de cloche très banale pour les maladies virales. L'avenir est imprévisible mais on voit qu'on s'approche de la fin", avait ainsi affirmé le controversé Professeur Raoult sur sa chaîne Youtube. 

Cette "cloche" sur les graphiques exposés par le professeur Raoult montrent en effet un pic, une stagnation puis une baisse des contaminations. 

"Une phase très décroissante de l'épidémie"

"Nous sommes dans une phase décroissante très importante de l'épidémie", abonde Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l'université Paris-Descartes, sur le plateau de BFMTV. Et de détailler:

"Nous étions à plus de 7000 contaminations quotidiennes le 31 mars. Nous en avions 1500 ce mardi."

Selon lui, cette évolution de l'épidémie, marquée par une période de pic puis une baisse des contaminations, a été semblable dans tous les pays du monde. 

"L'arrêt des contaminations que l'on a pu observer en Chine, en Corée, à Taïwan se retrouve avec un mois d'écart dans les pays européens", explique-t-il. "En Europe, chaque pays a passé son pic des contaminations avec quelques jours d'écart et entre maintenant dans la même phase de décroissance. Partout, on remarque un arrêt de la pandémie."

Interrogé sur la perspective d'une deuxième vague, le physiologue assume sa circonspection.

"Pour le moment, aucune nouvelle vague n'est apparue dans les pays où l'épidémie s'est déjà calmée"

La crainte d'une deuxième vague

Mais alors que tous les signaux sont au vert et que les pays d'Europe entament leur déconfinement progressif, les médecins, eux, préfèrent rester prudents. Alors que les hôpitaux sont toujours sous tension, ils craignent d'assister à nouvelle vague de contaminations.

Pierre Lanot, anesthésiste réanimateur à l'hôpital privé d'Antony, dans les Hauts-de-Seine, refuse ainsi de crier victoire trop vite. Pour lui, l'épidémie n'est pas encore terminée. Il appelle à la prudence.

"Pour nous, l'épidémie est toujours là. Au plus fort de la crise, nous avions 120 patients Covid-19. Nous en avons encore 60, c'est trop. Notre capacité en réanimation est toujours au-dessus de nos capacités habituelles", déplore-t-il.

"Si le déconfinement est brutal, on ne risque peut-être pas une deuxième vague aussi forte que la première, mais elle dépasserait quand même nos capacités, et c'est là tout le problème."

Une vigilance accrue pour le déconfinement

Pour Jean-François Toussaint, le début du déconfinement sera déterminant pour signer, ou non, la fin de l'épidémie.

"Il faudra avoir une vigilance accrue. Si on constate une reprise, il faudra reconfiner", explique-t-il. "Il faudra aller très rapidement au contact des personnes contaminées car il y en aura toujours quelques unes. Il faudra les identifier et les placer rapidement en quatorzaine."

Pour les deux médecins, si la fin de l'épidémie semble effectivement s'amorcer, elle ne sera terminée que lorsque les services hospitaliers auront retrouvé leur capacité traditionnelle. 

Cyrielle Cabot