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Santé

Conserver les ovules pour préserver la fertilité après un cancer du sein

L'opération "Octobre rose" a débuté ce lundi pour informer sur la lutte contre le cancer du sein. La maladie, qui atteint des dizaines de milliers de femmes chaque année, peut poser des problèmes de fertilité. Une nouvelle technique permet désormais de préserver leur chance d'avoir des enfants.

Chaque année en France, 50.000 femmes sont touchées par un cancer du sein. Parmi elles, 3.000 ont moins de 40 ans. Et pour ces dernières, une épreuve supplémentaire s'ajoute aux chimiothérapies, radiothérapies et opérations: le risque de stérilité que peuvent provoquer tous ces traitements.

Cindy a été confrontée à ce risque il y a deux ans. Alors âgée de 31 ans, elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein, à un stade avancé.

"J’étais dans l’urgence, parce que la tumeur était très grosse, et on m’a fait comprendre que les chimiothérapies devaient commencer très rapidement", explique la jeune femme.

En neuf mois, Cindy a dû supporter les traitements habituels pour lutter contre le cancer. Elle subit pas moins de huit chimiothérapies - qui consistent à administrer des médicaments très puissants qui agissent sur les cellules cancéreuses, mais également sur les cellules saines - auxquelles s'ajoutent une radiothérapie et une opération.

Des traitements lourds, qui peuvent avoir un impact sur le bon fonctionnement des organes reproducteurs comme l'utérus ou les ovaires, et lui font courir le risque de devenir stérile. "Le fait de ne plus pouvoir avoir d’enfants était vraiment très problématique pour moi, ça m’a beaucoup bouleversée", confie-t-elle. "Donc quand on m’a parlé d’une technique pouvant préserver la fertilité, j’ai sauté sur l’occasion."

Découverte médicale pionnière

À l’hôpital Jean-Verdier de Bondy, en Seine-Saint-Denis, l’équipe du docteur Michael Grynberg a en effet mis au point une technique nouvelle de conservation d'ovocytes (ou ovules, les cellules de reproduction féminines). Alors que la procédure habituelle consiste à prélever des ovules matures après stimulation ovarienne, elle est parfois trop longue à mettre en œuvre dans le cas d'un cancer grave. La stimulation ovarienne est de plus contre-indiquée en cas de traitements contre le cancer.

Le docteur Grynberg a donc choisi de prélever des ovocytes immatures et de les faire maturer in vitro. Ils pourront alors être réutilisés après les traitements anti-cancéreux, si les ovaires ne sont plus actifs. Pour les patients, l'opération représente une quinzaine de minutes d'intervention, mais surtout un immense espoir.

"Alors qu’auparavant les patientes étaient guidées d’emblée vers du don d’ovocytes ou l’adoption, parce que les ovaires n’étaient plus forcément fonctionnels, là elles ont l’espoir d’avoir leurs propres enfants, leurs enfants génétiques", se réjouit le docteur Grynberg.

En France, la loi de bioéthique révisée pour la dernière fois en 2011 impose à chaque praticien d'informer ses patients dont le traitement pourrait avoir des conséquences sur la fertilité. Pourtant, dans les faits, très peu de malades bénéficient des techniques de préservation, car les médecins sont encore trop peu formés sur la question. La découverte du docteur Grynberg représente donc une avancée significative. L'an dernier, il a accueilli 350 patientes venues de toute la France, comme de l'étranger.

H. M. avec Margaux de Frouville et Amélie Pateyron