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Santé

Comment le "binge watching" est associé à un mauvais sommeil

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- - iStock - Daviles

Des chercheurs américains recommandent d'éviter de regarder trop de séries en soirée car leur caractère addictif peut réellement perturber la qualité du sommeil. Avec les conséquences que l'on connaît.

On parle de "bringe drinking" pour caractériser une alcoolisation massive et rapide mais le concept existe également pour la télévision: le "binge-watching". Soit, le plus souvent, regarder pendant des heures et des heures des épisodes de séries à la suite. Si ce phénomène en constante augmentation est une excellente façon de rattraper tous les épisodes en retard, cette pratique a un prix selon des chercheurs de l'université du Michigan.

Leur étude affirme en effet que les personnes qui en sont adeptes sont plus susceptibles de souffrir d'une qualité de sommeil plus mauvaise, d'une fatigue accrue et d'insomnies plus fréquentes. Elle est la première à établir formellement ce lien. "Notre étude indique que le binge-watching est répandu chez les jeunes adultes et peut nuire à leur sommeil", a déclaré le coauteur de l'étude Jan Van den Bulck.

Pour en venir à cette conclusion, les chercheurs ont interrogé 423 jeunes adultes (18-25 ans) sur leur qualité de sommeil ainsi que sur la fréquence de leur séance de "binge watching" sur tous supports. Sur l'ensemble des participants, 80% sont adeptes du "binge watching". Parmi eux, près de 40% l'ont pratiqué une fois au cours du mois, 28% l'ont pratiqué plusieurs fois et 7% presque tous les jours. Les premiers résultats ont montré que les femmes pratiquent le "binge watching" plus souvent que les hommes, mais de manière moins prolongée.

Il devient plus difficile de s'endormir

En moyenne, les participants ont indiqué qu'ils dormaient un peu plus de sept heures et demie par nuit. De même, pour les adeptes du "binge watching" mais ces derniers se plaignaient davantage de fatigue et d'une mauvaise qualité de sommeil par rapport à ceux qui ne le sont pas. Ainsi, le "binge watching" n'empêcherait pas forcément de dormir en respectant la moyenne recommandée (entre sept et neuf heures), mais altèrerait en revanche la qualité du sommeil.

"Il s'agit le plus souvent d'étudiants qui ont des horaires flexibles en journée. Par chance ils peuvent donc compenser ce manque de sommeil de nuit avec des siestes", explique Liese Exelmans, principal auteur de l'étude. Les chercheurs sont parvenus à trouver le mécanisme à l'origine de ce plus mauvais sommeil: les "binge watcheurs" ont une excitation cognitive accrue avant le sommeil, ils sont en "alerte mentale".

"Les séries tiennent les spectateurs accrochés à l'écran. Ils sont intensément impliqués dans le contenu et peuvent continuer à y penser quand ils veulent aller dormir.", ajoute Liese Exelmans. "Cela prolonge la période d'endormissement ou, en d'autres termes, cela nécessite une période plus longue pour se 'refroidir' avant d'aller dormir, ce qui affecte le sommeil en général." Sans compter que, absorbé par ce qu'il voit, le spectateur rate le plus souvent le moment le plus opportun pour fermer les yeux.

Limiter les écrans le soir, une règle d'or

Or, il est connu qu'un mauvais sommeil est lié à des conséquences aujourd'hui démontrées pour la santé: une réduction de la mémoire et des capacités d'apprentissage et un risque accru d'obésité, d'hypertension et de maladies cardiovasculaires. "Il est très important de documenter les facteurs de risque d'un mauvais sommeil et nos recherches suggèrent que le "binge watching" pourrait être l'un de ces facteurs de risque.", concluent les chercheurs.

Étant donné que le visionnage compulsif se produit souvent involontairement, ils suggèrent que les services de diffusion de vidéos en continu comme Netflix proposent aux téléspectateurs de pré-sélectionner leur durée de visualisation maximale avant de commencer. Comme le recommandent de nombreux experts, il est primordial d'éviter les écrans au moins une demi-heure avant le coucher.

Car outre son caractère stimulant, le visionnage de vidéos et les autres activités sur Internet provoquent une action directe de la lumière délivrée par l’écran de l’ordinateur: elle stimule les voies visuelles et agit sur notre horloge interne en la retardant. Il en est de même pour la télévision car malgré la moindre proximité de l’écran et le caractère passif du téléspectateur, elle peut également nuire en raison de son effet "somnifère". Ce dernier peut en effet s'endormir involontairement et se réveiller en plein cycle de sommeil, obligé de se relever pour aller se coucher.

Alexandra Bresson