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Santé

Coeur artificiel: huit mois après l'opération, le patient a une vie quasi-normale

Un employé de Carmat inspecte un cœur artificiel, en 2009.

Un employé de Carmat inspecte un cœur artificiel, en 2009. - Franck Fife - AFP

Le deuxième porteur du coeur artificiel Carmat se porte comme un charme. L'un de ses médecins en a témoigné sur Europe 1 vendredi. Vélo, tir, peut-être bientôt judo, cet homme très actif a pratiquement renoué avec ses activités et sa vie d'avant.

Comment se porte, huit mois après son opération, le deuxième patient à avoir bénéficié d'un coeur artificiel de la société Carmat? Il ne va pas simplement bien est-on tenté de dire, il va très bien. S'ils n'ont pas recueilli son témoignage direct, nos confrères d'Europe 1 ont interviewé vendredi soir l'un des médecins qui suivent ce retraité très actif de 68 ans qui se déplace seul et rend visite à son fils qui habite à 70 km de son domicile.

Daniel Duveau, professeur émérite de chirurgie cardiaque à Nantes, qui avait participé à l'opération menée en août 2014 et qui suit ce patient numéro 2, peut être fier de la prouesse réalisée avec le professeur Alain Carpentier, l'inventeur de ce dispositif médical qui fonde de nouveaux espoirs pour ceux qui ne peuvent bénéficier d'une greffe classique.

Du vélo d'appartement au vélo tout court

"Dans le cadre de sa rééducation, après une chirurgie cardiaque lourde, nous lui faisons faire du vélo d'appartement", commence le professeur Duveau qui rapporte ensuite ce dialogue plutôt savoureux. "Lors de notre dernière rencontre, avec le professeur Carpentier, il (le patient) nous a dit: 'Bien sûr, je fais du vélo. - Du vélo d'appartement? - Non, c'est mon vélo, un vélo traditionnel. Mais rassurez-vous docteur, j'évite les grosses côtes.'"

Mais ce retraité décidément très actif ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Il voudrait aussi se remettre au judo, explique le professeur. "Cet homme désire retrouver la vie qu'il avait avant. C'était un homme tout à fait actif et sportif. Il a été ceinture noire de judo qu'il veut pratiquer avec son petit fils. Là, on lui a dit que peut-être, quand même, fallait-il être prudent et qu'il attendrait notre autorisation pour le faire."

Tonte de la pelouse, ramassage des bois morts dans le jardin après la tempête, reprise des séances au stand de tir où il est membre, le succès de cette réadaptation semble total.

"Il vit le plus normalement possible"

Bien sûr, le coeur artificiel implique une contrainte. Son alimentation en énergie impose au patient de transporter en permanence une sacoche de trois kilogrammes contenant deux batteries. Un moindre mal selon le professeur Duveau. "Il vit le plus normalement possible", assure-t-il. Ces batteries lui procurent une "autonomie de presque six heures, donc il surveille ça très régulièrement. Mais il dispose d'un confort de vie tout à fait respectable".

Quelle est la suite du programme? Daniel Duveau explique que deux autres malades vont bénéficier de cette "première expérimentation". Ensuite, "des essais cliniques élargis à d'autres centres et peut-être en Europe" devraient suivre. Le médecin espère "une validation définitive du dispositif qui pourrait être commercialisé dans les années qui viennent".

Le premier patient avait eu moins de chances. Il n'avait survécu que 74 jours et avait dû être réopéré. Mais l'objectif, rappelons-le, d'une survie à 30 jours avait bel et bien été rempli. Avec ce second patient, les résultats ont largement excédé les attentes.