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Santé

Cigarettes : la Cour des comptes dénonce les ratés de la lutte anti-tabac

Selon la Cour des comptes, la politique antitabac en France n'est pas à la hauteur des dégâts sanitaires et financiers causés par le tabagisme, qui progresse à nouveau, en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes les plus pauvres. /Photo d

Selon la Cour des comptes, la politique antitabac en France n'est pas à la hauteur des dégâts sanitaires et financiers causés par le tabagisme, qui progresse à nouveau, en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes les plus pauvres. /Photo d - -

La politique antitabac en France n'est pas à la hauteur des dégâts sanitaires et financiers causés par le tabagisme, selon un rapport de la Cour des comptes publié jeudi. Les Sages préconisent notamment une forte hausse des prix du tabac et une amélioration de la prévention.

La politique de lutte contre le tabac en France est un échec, selon un rapport de la Cour des comptes présenté jeudi. « La consommation de tabac a cessé de baisser depuis 2005 », et « l'on observe depuis 2011 une inquiétante progression du tabagisme, en particulier chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité », a souligné son président, Didier Migaud, devant le comité d'évaluation et de contrôle de l'Assemblée nationale. Le rapport précise que 38% des hommes et 30 % des femmes fument. Un résultat très en dessous des objectifs fixés pour 2009 par la loi de santé publique.
« Fumer tue. Trop de fumeurs ignorent à quel point », a dit son premier président, Didier Migaud, en présentant le rapport. « Un fumeur sur deux décède d'une pathologie liée au tabac », a-t-il rappelé.

« Trop de soutien aux buralistes »

Les risques liés au tabagisme sont « sous-estimés » selon Didier Migaud, alors qu’avec 73 000 décès par an - soit 200 morts par jour -, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, loin devant l’alcool (30 000 décès), les suicides (10 000 décès) et les accidents de la route (4 000 décès). Paradoxe : selon la Cour des comptes, les moyens alloués aux messages de communication et de prévention sont dix fois moins importants contre le tabac que pour la sécurité routière, alors que le nombre de morts est sans commune mesure.
Or, le tabagisme coute cher, puisque la facture globale est au moins de 12 milliards d’euros par an rien que pour le seul régime général de la Sécurité sociale.
Selon Didier Migaud, « les moyens de l'Etat ont été mobilisés de façon trop importante pour le soutien aux buralistes », créant un effet d'aubaine qui « met en évidence le poids toujours important des intérêts économiques et financiers qui viennent émousser les efforts de lutte contre le tabagisme ».

Pour une forte augmentation du prix du tabac

Face à ce constat, la Cour des comptes fait plusieurs préconisations. La Cour estime d’abord que l'action de l'Etat doit être redéployée en faveur de la prévention, de l'aide à l'arrêt du tabac et du renforcement des contrôles de l'interdiction de la vente aux mineurs ou de l'interdiction de fumer dans les lieux publics.
Elle recommande en parallèle d'augmenter les prix de façon « suffisamment marquée pour provoquer (...) une baisse effective et durable de la consommation ».
Mais n’y a-t-il pas un risque de baisse des rentrées fiscales si moins de gens fument, sachant que la fiscalité sur le tabac apporte près de 15 milliards d'euros par an à l’Etat, dont 11,5 milliards à la Sécurité sociale ? Non, assure Didier Migaud, qui assure que « les bénéfices à long terme qui pourraient être tirés d'une forte diminution de la consommation, même d'un strict point de vue financier, dépassent largement la perte de fiscalité qui en résulterait ».

Philippe Gril avec AFP