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CHU de Clermont-Ferrand: la fresque mimant un viol collectif va être retirée

Le CHU Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand.

Le CHU Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand. - Capture d'écran Google Street View.

L'image d'un viol collectif entre super-héros était vraisemblablement présente sur les murs de l'internat du CHU de Clermont-Ferrand depuis longtemps. Ce week-end, des bulles permettant de l'interpréter comme une réaction au projet de loi Santé ont été rajoutées, puis effacées. L'association "Osez le féminisme!" réclame une réaction de l'Ordre des médecins.

Des internes du CHU de Clermont-Ferrand ont voulu protester contre la loi Santé de Marisol Touraine à leur façon. Ils ont affiché dans la salle de repos de l'internat une fresque représentant Wonder Woman en allégorie de la loi incriminée, violée par d'autres super-héros clamant "Tiens, la loi santé!" ou encore "Prends la bien profond!". Une fresque qui sera intégralement effacée dans les jours à venir, a-t-il été annoncé ce lundi en fin d'après-midi.

La photo, particulièrement explicite et violente, a été postée samedi matin sur la page Facebook intitulée "Les médecins ne sont pas des pigeons", avant d'être supprimée. L'image de cette fresque a immédiatement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant notamment la réaction de la secrétaire d'Etat chargée de la Famille, Laurence Rossignol. Cette dernière, qualifiant les faits de "honteux", a raillé dimanche sur Twitter les médecins de "super-zéro".

Ces médecins super-zéro qui se prennent pour des super héros et font l'apologie du viol collectif #honteux http://t.co/SYRGdsJPRY
— laurence rossignol (@laurossignol) 18 Janvier 2015

L'association "Osez le féminisme!" s'était fendue d'un communiqué dimanche dans lequel elle réclamait une réaction de l'Ordre des médecins et la suppression de la fresque. Elle, et les nombreuses autres réactions outrées qui ont suivies, ont été entendues:

"En accord avec le doyen de la faculté de médecine, la direction du CHU a décidé que cette fresque sera intégralement effacée dans les prochains jours", a indiqué l'avocat du syndicat des internes de Clermont-Ferrand, Me Jean-Sébastien Laloy, ce lundi en fin d'après-midi.

Une fresque qui existe "depuis des années"

Plus tôt, l'association "Osez le féminisme!" avait expliqué que les bulles de texte ont été ajoutées sur une fresque déjà existante. Elles symboliseraient "une menace misogyne" dirigée vers la Ministre de la Santé Marisol Touraine. Interrogée par BFMTV.com, l'association n'affirme pas que le personnage violé représente la ministre mais estime "qu'a priori dans tous les cas, les médecins aujourd'hui n'ont pas très envie de faire des câlins à Marisol Touraine". La ministre de la Santé a condamné cette fresque, qu'elle a qualifiée de "particulièrement choquante", y voyant une "incitation au viol inacceptable", a indiqué son entourage à l'AFP.

L'association assure aussi que les images de la fresque sans les bulles étaient visibles encore ce week-end sur le site internet de l'internat de Clermont-Ferrand, mais le site était devenu inaccessible ce lundi. Contacté par BFMTV.com, le Syndicat Autonome des Internes en Exercice des Hôpitaux de Clermont-Ferrand a refusé de réagir, annonçant un communiqué de presse dans la journée. L'existence de cette fresque a toutefois été confirmée "depuis des années et des années" par le syndicat. La décoration des salles de garde et d'internats avec des fresques grivoises ou pornographiques relève d'une tradition solidement ancrée dans l'univers hospitalier, précise l'AFP.

>> La fresque litigieuse expurgée pour les plus sensibles de nos lecteurs (les autres pourront voir la version originale ici s'ils le souhaitent):

La fresque litigieuse de l'internat de Clermont-Ferrand.
La fresque litigieuse de l'internat de Clermont-Ferrand. © "Les médecins ne sont pas des pigeons" - Facebook

Le Conseil de l'ordre réagit

"Osez le féminisme!" estime que les auteurs de ces bulles contreviennent au code de déontologie médicale qui précise que "le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l'exercice de la médecine". D'après une journaliste du quotidien local La Montagne, qui cite le syndicat des internes, les bulles auraient été effacées et la fresque masquée. Le syndicat a refusé de confirmer cette information auprès de BFMTV.com.

Loi #santé Fresque représentant un viol collectif #Clermont-Ferrand Les bulles effacées, la fresque masquée (source syndicat des internes)
— Cécile Bergougnoux (@c_bergx) 19 Janvier 2015

Lundi, "Osez le féminisme!" a publié sur sa page Facebook la réaction du Conseil de l'ordre des Médecins du Puy-de-Dôme. Son président Henri Arnaud, assure avoir rencontré le Doyen de la Faculté de Médecine et le Directeur du CHU "pour donner les suites administratives et éventuellement judiciaires à cette affaire".

"Je condamne fermement et sans réserve ce type d'actions, mais je rappelle que les internes sont des étudiants en formation professionnelle non inscrits au Conseil Départemental de l'Ordre. Ils sont sous la responsabilité de la gouvernance du CHU" ajoute-t-il.

Publication by Osez le féminisme !

Interrogé par La Montagne, l'avocat du syndicat des internes confirme que la fresque existait depuis des années et que les bulles ont été rajoutées "sans doute ce week-end", afin "de sensibiliser par une image choc, dans un cadre strictement privé, aux conséquences de la loi santé". Selon lui, le président du syndicat "assure que l'intention n'était pas de représenter la ministre de la Santé". Les bulles ont été effacées et la fresque devrait subir le même sort sous peu, a-t-il affirmé.

La direction du CHU a indiqué dans un communiqué que des "suites juridiques adéquates, disciplinaires, voire judiciaires sont engagées à l'encontre du ou des auteurs présumés responsables de ces agissements inacceptables et condamnables".

Aurélie Delmas