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Santé

Ces centaines de médecins qui jettent l'éponge

En 2010, 1.000 médecins ont décidé de quitter le métier avant l'âge de la retraite, épuisés par le travail et les lourdeurs administratives.

En 2010, 1.000 médecins ont décidé de quitter le métier avant l'âge de la retraite, épuisés par le travail et les lourdeurs administratives. - -

Ils sont un millier en France à avoir dévissé leur plaque l'année dernière. De plus en plus de médecins décident de quitter la profession avant l'âge de la retraite, épuisés par la charge de travail et les lourdeurs administratives. Témoignages.

Si le Conseil de l'Ordre des médecins a révélé hier mardi que les départs à la retraite de praticiens allaient exploser dans les 5 ans à venir, il a aussi mis en lumière un phénomène peu connu et en pleine expansion: les fermetures précoces de cabinets. Selon les chiffres présentés, 1.000 médecins ont décidé en 2010 de jeter l'éponge et de dévisser leur plaque avant d'avoir atteint l'âge de la retraite. Bien avant même, puisque l'âge moyen de ces départs anticipés est de 54 ans. Certains se tournent vers le « salariat » hospitalier, d'autres vers un emploi en maison de retraite. Plusieurs décident aussi d'abandonner complètement le métier. Pourquoi une telle décision ?

« Maintenant, je vais faire mon vrai métier »

Le docteur Bertrand M., généraliste alsacien en zone rurale, n'en pouvait plus de la « paperasse ». Dans quelques semaines, ce médecin de 53 ans va être embauché comme chef de service dans une clinique. « Le soir, dit-il, on a trois-quarts d'heure de comptabilité à faire quand on rentre chez soi à 22h. Médecin libéral aujourd'hui, c'est chef d'entreprise avant tout. Le plus important n'est plus la médecine, mais l'organisation du cabinet et la gestion du personnel. Si vous ne faites pas comme ça, vous êtes mort économiquement ». Certes, sa rémunération va baisser, admet-il. « Mais maintenant, en tant que salarié, je vais faire mon vrai métier. Ces dernières années, je prends au maximum trois semaines de vacances par an. Désormais, ça va être cinq ».

« J'aurais dû choisir le statut de salariée dès le départ »

Françoise-Alice Wolf, gynécologue à Besançon, a fermé son cabinet l'année dernière à l'âge de 56 ans. Après 25 ans d'exercice en libéral, elle est désormais salariée. Outre la fatigue qui s'accumulait, elle s'est surtout trouvée confrontée à un problème inattendu : « Sur la fin, la responsabilité juridique qui augmentait m'a pesé. Je dois dire que sur les trois dernières années, j'étais littéralement obsédée par ça. J'avais eu quelques menaces de procès. Pas parce que j'avais mal fait les choses, mais parce qu'en médecine il y a des choses qui arrivent et que l'on ne peut pas prévoir. Avec le recul, maintenant que j'ai arrêté, je pense que j'aurais dû choisir le statut de salariée dès le départ ».

« L'honnêteté m'incite à arrêter »

Certains médecins décident de tout plaquer sans garantie sur l'avenir. Comme Pierre Jaunau, un généraliste de Courville-sur-Eure (Eure-et-Loir). A 61 ans, il a pris la décision de mettre la clé sous la porte, sans avoir encore la moindre idée de ce qu'il va faire : « J'ai un certain ras-le-bol de mon métier que j'aime, pourtant. Et je pense que je vais le faire moins bien si je continue, donc l'honnêteté m'incite à arrêter. En tous cas au rythme auquel je le fais actuellement. J'ai des amis de ma tranche d'âge, et on est tous un peu saturés. Pourtant, Dieu sait qu'on aimait ça... ».

La Rédaction