BFMTV
Santé

Cerveau: une nouvelle forme de mémorisation mise à jour

-

- - -

Des chercheurs toulousains ont rappelé des participants qu'ils avaient testés en laboratoire il y a environ dix ans pour mettre à l'épreuve une nouvelle fois leur mémoire. Les résultats obtenus montrent que des images vues pendant quelques secondes peuvent être reconnues une dizaine d'années plus tard.

Se rappeler les noms d'anciens camarades de classe 50 ans plus tard ou le titre des programmes télévisés préférés de notre enfance: ce ne sont que quelques exemples des aptitudes incroyables de la mémoire. Des aptitudes qui intéressent des chercheurs du Centre de recherches cerveau et cognition* qui ont étudié les paramètres qui entrent en jeu pour une bonne mémorisation sur le long terme: le nombre de répétitions et la dimension émotionnelle.

"Il est connu que plus une information est présentée, et plus celle-ci pourra être maintenue en mémoire et qu'une seule exposition peut suffire pour conserver un souvenir à vie lorsque la dimension émotionnelle est impliquée", expliquent-ils. Mais qu’en est-il d’une information sans réel contenu émotionnel et vue un petit nombre de fois? Dans cette étude, les chercheurs toulousains ont utilisé ces paramètres clés pour étudier une nouvelle forme de mémorisation.

Pour ce faire, ils ont fait appel à 24 participants, précédemment testés au laboratoire il y a environ dix ans et ne présentant pas de troubles de mémoire particuliers. Ces derniers ont été rappelés pour procéder à de nouveaux tests de mémoire. Ceux de l’époque avaient consisté à leur présenter successivement pendant quelques secondes seulement des images très simples, mais sans instruction particulière de les mémoriser. Les participants recontactés en 2016 ont dû identifier l’image qu’ils avaient vue dix ans plus tôt parmi deux choix d’images.

Trois présentations suffisent pour mémoriser une image

"En moyenne, les participants ont obtenu une performance de 55% de réponses correctes. Un score qui se révèle supérieur à celui de participants qui n’avaient jamais vu ces images auparavant (51%). De plus, les chercheurs ont montré que ce pourcentage montait à 57% de réponses correctes pour les images vues trois fois ou plus initialement et pouvait aller jusqu’à 70% pour certains participants", expliquent les auteurs de l'étude.

Comme le montre l’expérience, il semble donc que trois présentations puissent suffire pour maintenir une image en mémoire pendant 10 ans. Ces résultats permettent d'en savoir toujours plus sur les mécanismes de mémorisation. Car si le fait de pouvoir se souvenir de quelque chose sans accès conscient était déjà connu, cette étude montre "que ces traces en mémoire peuvent influencer de manière directe le choix des participants allant jusqu'à produire un fort sentiment de familiarité", ajoutent les chercheurs.

Mais dans leurs conclusions, ils affirment qu'une question reste à résoudre: comment est-il possible que des images simples, présentées seulement trois fois et pour quelques secondes, soient capables de conduire des choix explicites une décennie plus tard? C'est pourquoi les chercheurs tentent de comprendre comment un tel mécanisme de mémorisation est possible d’un point de vue biologique. Ils suggèrent la présence d'un petit groupe de neurones hyper-spécialisés plutôt qu'un large réseau de neurones distribués.

Selon l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, le cerveau est composé de 100 milliards de neurones, qui constituent un réseau câblé très précis. Par ailleurs, il existe deux types de mémoire: la mémoire à court terme et la mémoire à long terme. Les souvenirs sont d’abord stockés dans des régions impliquées dans l’expérience initiale et se consolident pendant le sommeil. Ils seront ensuite récupérés par des neurones du lobe frontal.

*CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier

Alexandra Bresson