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Céréales, boissons, plats cuisinés: les additifs omniprésents dans l'alimentation

(photo d'illustration)

(photo d'illustration) - Pascal Pavani - AFP

Pour la première fois, l’ANSES publie un état des lieux de l’utilisation des additifs dans les aliments transformés. Si l’écrasante majorité des 30.000 produits étudiés contiennent au moins un additif, cela peut aller jusqu’à plus de dix pour certains aliments.

Céréales, boissons, plats cuisinés frais ou surgelés, glaces et sorbets… Au total, 30.000 produits de trente catégories d’aliments ont vu leurs emballages passés au crible par l’Oqali, l’observatoire de l’alimentation, à l’exception de la confiserie.

"On a regardé aussi tous les logos, tous les labels, toutes les allégations présentes sur l’emballage pour avoir toutes les informations disponibles pour le consommateur", nous explique Céline Menard, responsable de l’unité Observatoire des aliments à l’ANSES.

78% des produits étudiés en contiennent au moins un

Dans ce programme inédit, mené conjointement par l’ANSES et l’INRA, il s’agissait de mesurer le recours aux additifs, ces substances ajoutées aux aliments dans un but technologique, par exemple pour empêcher la prolifération de moisissures (E200 à E299), intensifier le goût (E600), empêcher les fruits de foncer (E400).

Premier constat: les additifs sont omniprésents dans notre alimentation. Entre 2008 et 2016, 78% des produits étudiés en contiennent au moins un. Et ce sont souvent les mêmes: sur les 400 additifs autorisés dans l’alimentation au niveau européen, une quarantaine ont été identifiés dans l’étude.

"Parmi les additifs les plus utilisés, il y a l’acide citrique (E330) pour réguler l’acidité (23% des produits), les amidons modifiés qui sont des épaississants (22%) et les lécithines (E322) qui sont des émulsifiants présents dans 17% des références étudiées", détaille Céline Menard.

L’étude épingle aussi de mauvais élèves. "4% des produits présentent plus de dix additifs", ajoute la scientifique, citant notamment les "viennoiseries et desserts surgelés (16%), les produits "traiteurs frais" (15%) comme les boîtes de pâtes ou salades prêtes à l’emploi, les glaces et sorbets (12%)".

De 13 à 18% de produits sans additifs en dix ans

Pour vingt catégories d’aliments, l’ANSES a également étudié l’évolution du recours à ces additifs. Les industriels ont globalement levé le pied.

"Les produits sans additifs progressent de 13 à 18% sur dix ans", note Céline Menard. "Les industriels ont-ils recouru à d’autres traitements technologiques? Utilisé d’autres substances? Ont-ils diminué la durée de consommation des produits? Il faudra regarder les alternatives", estime-t-elle.

Il reste des exceptions, comme les compotes, catégories de produits pour lesquels la présence d’additifs a augmenté de dix points, notamment du fait de l’emploi d’antioxydants tels que de l’acide ascorbique.

Céline Menard tient une piste à creuser: "On va mener des analyses complémentaires pour savoir si la réduction de la teneur en sucres observée ces dernières années a contraint les industriels à utiliser plus d’antioxydants".

Le lien entre consommation de produits transformés et cancer pas démontré

Pour l’instant, les additifs alimentaires ne sont pas considérés par les autorités sanitaires comme dangereux, à condition de respecter un dosage quotidien.

"Le lien de cause à effet entre consommation de produits transformés et cancer n’est pour l’instant pas démontré", rappelle Céline Menard. Mais certains scientifiques craignent que des additifs mélangés entre eux ne soient cancérigènes, un effet cocktail qui n’est pas étudié dans les recherches.

C’est justement pour étudier leur potentielle nocivité que les résultats de cette étude vont être transmis: "Ce sont des données essentielles qui vont notamment être transmises à l’EFSA, en charge de l’évaluation des risques, pour estimer l’exposition des consommateurs aux additifs", nous explique la scientifique. Elles ont aussi été communiquées à des chercheurs pour affiner des études épidémiologiques.

Dans tous les cas, cela confirme l’importance de diversifier son alimentation et varier les sources d’approvisionnement, conclut Céline Menard.

Margaux de Frouville