BFMTV
Santé

Cellules souches pour réparer le coeur: une percée française

Philippe Menasché, chercheur en thérapie cellulaire sur l'insuffisance cardiaque.

Philippe Menasché, chercheur en thérapie cellulaire sur l'insuffisance cardiaque. - BFMTV

Lapatiente qui s'est vu greffer des cellules cardiaques dérivées de cellules embryonnaires, il y a trois mois, se porte biena indiqué l'équipe du professeur Philippe Menasché.  C'est un pas décisif après une première tentative infructueuse, il y a un an.

Une greffe de cellules cardiaques dérivées de cellules souches embryonnaires a été réalisée il y a trois mois sur une patiente atteinte d'insuffisance cardiaque sévère qui "va bien" aujourd'hui, ont annoncé vendredi les médecins à l'origine de cet essai novateur.

Le Président François Hollande, qui a reçu le professeur Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l'hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP, Paris) vendredi, a salué cette "première greffe mondiale" et "félicité l'ensemble des équipes médicales et scientifiques impliquées dans ce travail exemplaire de la qualité de la médecine et de la recherche françaises".

Un fort potentiel thérapeutique

Les cellules souches embryonnaires dites "pluripotentes", représente un fort potentiel thérapeutique car elles sont capables de fabriquer toutes sortes de tissus (cardiaques, musculaires, etc.). Des essais à partir de telles cellules embryonnaires ont déjà été réalisés dans le monde pour corriger des pathologies de l'oeil, mais c'est le premier essai pour l'insuffisance cardiaque, selon ces médecins.

La greffe sur la zone du cœur lésée par un infarctus, couplée dans le même temps à un pontage coronarien, a été réalisée le 21 octobre 2014, chez une patiente de 68 ans, par le professeur Philippe Menasché et son équipe. Cette thérapie reposant sur un procédé développé par le professeur Jérôme Larghero (hôpital Saint-Louis, Inserm) a été présentée vendredi aux 25e Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie à Paris.

La patiente va bien

La patiente souffrait d'insuffisance cardiaque sévère avec altération nette de sa fonction cardiaque à la suite d'un infarctus ancien, mais sans être au stade ultime qui aurait relevé d'une greffe cardiaque ou d'un cœur artificiel.

A présent, elle "va bien, son état s'est nettement amélioré, sans qu'aucune complication n'ait été observée", a dit le professeur Menasché. L'essai a été autorisé par l'Agence de la biomédicine pour 6 patients. Il s'agit d'"un essai de phase 1 pour vérifier la sécurité et la bonne tolérance de la thérapeutique cellulaire", précise-t-il.

Les jeunes cellules cardiaques obtenues à partir des cellules souches embryonnaires en laboratoire ont été incorporées dans un gel qui a été appliqué sous forme de patch sur la zone du coeur de la patiente, rendu inerte par l'ancien infarctus. Cette partie du cœur "bouge aujourd'hui", mais il serait prématuré de dire si l'amélioration provient de la greffe de cellules ou du pontage, souligne le chirurgien.

"Tentative de réparation"

"Nous ne pensons pas que ces cellules vont vivre éternellement et fabriquer du tissu cardiaque", ajoute le professeur Menasché. En revanche, il y a des arguments sérieux pour penser qu'elles sécrètent des substances qui peuvent induire une forme de réparation à partir du cœur lui-même". "C'est un espoir et d'abord la démonstration que c'est faisable, ce qui n'était pas acquis", dit-il à propos de cette "tentative de réparation" du cœur après infarctus.

La lignée de cellules embryonnaires provient de la société israélienne Technion, car au début de cette recherche, il était interdit d'en produire en France.

Il y a un an, précise le Pr Ménasché, un patient de 77 ans, "en bout de course", intransplantable et "très demandeur", avait également été traité, mais n'a pas survécu en raison de son mauvais état général et de multiples pathologies, sans que le patch ne soit en cause.

David Namias avec AFP