BFMTV
Santé

CARTE. Fermeture partielle, délestage... Les services d'urgences de votre département sont-ils en péril?

Un service d'urgences à l'hôpital (illustration)

Un service d'urgences à l'hôpital (illustration) - AFP

A date, plus d'une centaine d'établissements français ont dû réduire ou adapter l'accueil de patients dans leurs urgences en raison du manque de personnel.

Les urgences sont à bout de souffle. Confrontés à un manque de personnel de plus en plus criant, de plus en plus d'établissements hospitaliers se voient contraints de mettre ce service entre parenthèses, parfois de manière temporaire, ou bien en ayant de plus en plus recours au déléstage, comprendre transférer les patients vers d'autres établissements ou bien les rediriger vers la médecine de ville.

Dernier exemple marquant en date, le CHU de Bordeaux, qui a annoncé que ses urgences ne seraient désormais plus accessibles la nuit, et réservées aux cas les plus graves le reste du temps.

"Jusqu'à présent, on avait des moyens qui étaient considérés comme normaux et adaptés. Mais là, on est passés sous la norme", résumait au micro de BFMTV Philippe Revel, patron des urgences du CHU de Bordeaux.

Le praticien évoque ainsi de nombreux contrats non-renouvelés alors que le nombre de patients a augmenté de 50% en deux ans.

Nombreuses fermetures partielles

Le cas girondin n'est pas unique. Ce mercredi, l'Association des petites villes de France (APVF) a interpellé la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, sur la "situation très inquiétante des services d'urgence dans les hôpitaux". L'APVF citait les hôpitaux de Sarlat (Dordogne), Jonzac (Charente-Maritime), Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), Guingamp (Côtes-d'Armor) ou Chinon (Indre-et-Loire), "où l'activité est carrément suspendue".

A date, plus d'une centaine d'établissements hospitaliers sont touchés par ce manque de personnel. BFMTV les a consignés et divisés en cinq catégories qui correspondent chacune à des situations spécifiques.

Pour près de la moitié des hôpitaux concernés, ces derniers ont été contraints d'opérer des fermetures partielles, comme à Bordeaux. De nombreux cas sont reportés dans l'ouest et le sud-ouest du pays, ainsi qu'en région parisienne. Viennent ensuite les hôpitaux en difficulté, cités par l'APVF, et qui pourraient prendre des mesures similaires dans les semaines à venir. Là encore, la région parisienne est particulièrement touchée.

Afin de soulager leurs urgences, plusieurs hôpitaux ont recours au délestage et tentent le plus possible de transférer leurs patients vers d'autres établissements. A date, ils sont six à procéder ainsi, dont le CHU d'Amiens ou le centre hospitalier de Châteauroux.

Le CHU de Rennes et les centres hospitaliers de Roubaix et de Tourcoing ont de leur côté recours au plan blanc afin de "maintenir les capacités d'hospitalisation pour faire face à l'activité en aval des urgences". Ce plan permet de reporter certaines opérations non-urgentes, de repousser de huit jours les hospitalisations programmées et de rappeler du personnel en congés. L'hôpital explique également renforcer le recours à l'hospitalisation à domicile.

Enfin, le centre hospitalier d'Avranches-Granville pratique quant à lui une régulation de l'accès aux urgences.

Quelles solutions?

Au quotidien, cette tension sur les services des urgences se fait durement ressentir. Invité ce jeudi matin sur Franceinfo, Mathias Wargon, chef des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis assure que dans son établissement, "la problématique se pose comme dans tous les autres hôpitaux".

"Mon service fonctionne avec la moitié de son personnel paramédical, c’est-à-dire les infirmières et aides-soignantes", explique-t-il.

"On fonctionne à plein ou presque car on a des gens de l’extérieur qui viennent faire des vacations ou de l’intérim. C’est des gens qui viennent remplacer des absents, ce n’est pas comme dans le Covid où on avait plus de monde. On n’est pas fermé tout le temps, mais pendant une journée, une demi-journée, on jongle. En Seine-Saint-Denis on a régulièrement un hôpital qui ferme ses urgences", détaille-t-il.

Selon lui, il est extrêmement difficile d'obtenir une solution pérenne à cette crise des urgences. "Les partis politiques disent 'on va embaucher des gens.' Chez nous les postes sont ouverts, il y a des primes, et on ne trouve personne pour des histoires d’horaires mais pas que pour ça, pour des histoires de conditions de travail", conclut-il.

"Il faut que les gens trouvent un intérêt au boulot"

Fraîchement nommée, la nouvelle ministre de la Santé Brigitte Bourguignon va rencontrer les soignants ces deux prochaines semaines, avant de prendre des mesures "pour faire face à l'été." "Ma méthode va être celle de la concertation car les situations ne sont pas toutes les mêmes partout en France. Je ne vais pas vous donner les solutions qu'on va trouver car je vais les construire avec les gens qui sont sur le terrain", disait la ministre.

Hugo Septier et Théophile Magoria