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Santé

Cannabis: les insomnies sont deux fois plus fréquentes chez les étudiants qui en consomment quotidiennement

Un fumeur de cannabis en mai 2016 à Paris.

Un fumeur de cannabis en mai 2016 à Paris. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Une étude menée par des scientifiques de l'Inserm sur près de 15.000 étudiants montre que le risque d'avoir un sommeil dégradé augmente de 45% lorsqu'on consomme du cannabis, peu importe la fréquence.

Fumer du cannabis vient altérer la qualité du sommeil, plus spécifiquement chez les étudiants. Dans une étude parue le 8 février dans la revue scientifique Psychiatry Research, des chercheurs de l'Inserm, rattachés au CHU et à l'Université de Bordeaux, ont démontré que la consommation de la drogue la plus répandue en France vient grandement augmenter le risque de faire des insomnies.

Partant du constat que 55% des étudiants en France auraient des troubles du sommeil, et 19% des insomnies, les chercheurs de l'Inserm ont décidé d'étudier le potentiel rôle joué par le cannabis dans ces perturbations. Les effets de la substance sur notre sommeil ont déjà été documentés.

Or, en France, 13,9% des 18-25 ans déclarent consommer mensuellement du cannabis, et 4% de manière quotidienne, selon le baromètre Santé de Santé publique France.

Près de 15.000 étudiants interrogés

L'Inserm rapporte dans un communiqué que l'étude se base sur une cohorte de 14.787 étudiants universitaires, ayant répondu à un questionnaire en ligne. Parmi les questions: leur consommation de cannabis, la qualité de leur sommeil, "avec une question spécifique sur l'insomnie".

Afin de mettre de côté d'autres éléments potentiellement perturbateurs du sommeil, comme la santé mentale ou l'alcool, des questions sur les habitudes de vie des étudiants ont été ajoutées.

"L’originalité de cette étude réside sur le fait que nous avions accès à un échantillon particulièrement large d’étudiants ayant renseigné des données précises sur leur consommation de cannabis et la qualité de leur sommeil", détaille Julien Coelho, premier auteur de l'étude.

Deux fois plus de risques d'insomnies

Analysées et quantifiées, les réponses montrent un effet non-négligeable du cannabis sur le sommeil de ces étudiants. Les résultats "ont montré que la consommation de cannabis augmentait le risque d’avoir un sommeil perturbé", détaille l'Inserm.

L'étude en elle-même détaille que "la probabilité d'insomnie était significativement plus élevée de 45% chez les consommateurs de cannabis par rapport aux non-consommateurs".

Plus grave encore, la probabilité de faire des insomnies est deux fois plus importante chez les consommateurs quotidiens de cannabis, par rapport aux étudiants qui n'en consomment jamais ou rarement. Un constat inquiétant, alors que le manque de sommeil peut venir altérer les capacités cognitives, essentielles aux étudiants.

Néanmoins, la causalité entre cannabis et insomnies n'a pas été investiguée. Pour Christophe Tzourio, professeur d'épidémiologie et praticien hospitalier, ces résultats montrent néanmoins "l’importance de multiplier les messages de santé publique pour faire de la prévention auprès des étudiants, mais aussi des professionnels de santé sur les dangers d’une consommation élevée de cannabis sur la santé", rapporte l'Inserm.

Consommation en baisse chez les jeunes

Note positive, la consommation de cannabis serait actuellement dans une dynamique descendante. L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) note depuis 2019 une baisse de la consommation des drogues chez les jeunes.

En 2020, la consommation de cannabis "au cours du mois" chez les adolescents avait baissé de six points, pour atteindre 8,5%. Une tendance qui s'est confirmée avec la pandémie de Covid-19.

"La pandémie a accéléré la tendance à la baisse de la consommation d'alcool, de tabac et de cannabis chez les jeunes Français", a déclaré en décembre dernier Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe.
Jules Fresard