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Cannabis, CBD, THC, HHC, H4CBD: ce qui est légal et ce qui est interdit

Un magasin de CBD à Paris (photo d'illustration)

Un magasin de CBD à Paris (photo d'illustration) - AFP

Cannabis thérapeutique légal ou récréatif illégal, cannabinoïde interdit ou chanvre "bien-être" autorisé... BFMTV.com vous aide à comprendre les différences entre ces différentes pratiques et substances.

C'était un des cadeaux de ce "secret santa" organisé entre amis début décembre: des gommes à base de THC, le principal composé psychoactif du cannabis, et de H4CBD, un cannabinoïde dérivé du CBD.

Paranoïa, sensation de froid, convulsions et vomissements: les dix amis ont ressenti de violents symptômes une demi-heure après avoir avoir chacun consommé un de ces bonbons en vente libre. Sept d'entre eux ont dû être hospitalisés. "J'ai cru mourir", confie au Parisien l'un des participants à ce dîner.

HHC: pourquoi ce dérivé du cannabis est-il désormais interdit à la vente ?
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Cannabis, cannabinoïde, CBD, THC, H4CBD... Mais de quoi s'agit-il exactement? BFMTV.com fait le point sur ces différents termes et ces différentes molécules dont certaines sont autorisées, d'autres en principe interdites. Avec une réglementation parfois floue et des pratiques commerciales pas toujours claires.

• Le cannabis

Le cannabis est un genre de plante à fleurs, également appelé chanvre. Il est utilisé dans l'industrie textile mais aussi pharmaceutique pour sa concentration élevée en cannabinoïdes, des substances chimiques aux propriétés psychoactives. Le cannabis contient une soixantaine de cannabinoïdes, explique l'Inserm.

Il est notamment utilisé dans un cadre médical, en particulier auprès de patients souffrant de maladies graves. Comme des douleurs que plus aucun médicament ne peut soulager, certaines formes d'épilepsie, mais aussi dans le cas de cancers ou dans le cadre des soins palliatifs.

En France, le cannabis thérapeutique est expérimenté depuis deux ans "dans un cadre limité", précise l'Assurance maladie. Ces médicaments sont produits par des laboratoires identifiés et contrôlés. Une expérimentation qui doit prendre fin en mars 2024, ajoute l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Un cannabis à usage médical, prescrit sur ordonnance, qui n'a rien à voir avec le cannabis dit "récréatif". Comme le rappelle l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, malgré le débat sur la légalisation du cannabis, il reste considéré comme une drogue. Consommé sous forme d'herbe, de résine ou de concentrés, c'est donc un stupéfiant dont l'usage, l'incitation à l'usage et la vente sont interdits.

Mais depuis plusieurs années, des produits à base de chanvre à usage "bien-être" se sont développés.

• Le CBD

Ce chanvre "bien-être", c'est le CBD, ou cannabidiol - un des composés actifs naturels de la plante de cannabis. Mais la grande différence avec le cannabis évoqué plus haut, c'est que le CBD est dénué de l'effet psychotrope. Il n'est donc pas considéré comme un stupéfiant.

Concrètement, le CBD est extrait du cannabis purifié, "c'est-à-dire nettoyé des autres composés actifs susceptibles d'être présents", explique l'Assurance maladie. Il est ensuite commercialisé sous différentes formes: huile, pastilles, gouttes, bonbons ou liquide pour vapoteuse. Il est également légal de vendre, acheter et consommer des fleurs et feuilles de CBD, ce cannabis sans propriétés stupéfiantes.

Si cette substance est appréciée par ses consommateurs pour ses supposées vertus contre les insomnies, le stress et l'anxiété, ou les douleurs chroniques, "aucune étude scientifique ne confirme formellement ces bénéfices", pointe encore l'Assurance maladie. Considéré comme un "nouvel aliment", le CBD est d'ailleurs en cours d'évaluation par l'Autorité européenne de sécurité des aliments.

Par ailleurs, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives a analysé des produits à base de CBD en vente libre. Résultats: la composition de huit produits sur dix est différente de celle indiquée sur l'étiquetage.

• Le THC

Le THC (ou tétrahydrocannabinol), c'est la principale molécule psychoactive du cannabis. Le THC est un cannabinoïde - le cannabis en contient une soixantaine. Il est classé comme un psychotrope: c'est un stupéfiant, sa vente et sa consommation sont donc interdites en France.

Sa concentration varie selon les produits: de 10% pour l'herbe et la résine, à 30% pour l'huile. "Plus la concentration est élevée, plus les effets du cannabis peuvent être importants", observe Drogues info service.

Dans les gommes consommées par le groupe d'amis lors du "secret santa", du THC a été retrouvé. Comment expliquer la présence d'une substance interdite dans un produit vendu en France?

Si le THC est interdit, les produits contenant du CBD avec une teneur en THC inférieure ou égale à 0,3% sont quant à eux autorisés. Le problème, c'est que la composition de ces produits est parfois complexe, pointe l'Inserm.

"Les produits proposés dans le commerce et vendus sous l'étiquette CBD" ont "toujours aussi un peu de THC (même si celui-ci est parfois présent en des quantités infimes)". C'est d'ailleurs pour cela qu'il est interdit de conduire après avoir consommé du CBD, rappelle Service public.

Et c'est là toute la difficulté. Consommer plusieurs gommes de CBD, même avec une teneur en THC inférieure à 0,3%, ne risquerait-il pas de faire dépasser les seuils? "Le bonbon consommé lors du 'secret santa' avait une taille très importante et pesait plus de 8g", détaille pour BFMTV.com Anne Batisse, pharmacienne en addictovigilance à l'Hôpital Fernand-Widal de l'AP-HP et responsable du centre d'addictovigilance de Paris.

"Une seule gomme, ça fait 27 mg de THC, l'équivalent de trois parts de space cake. Une telle quantité peut tout à fait expliquer l'ensemble des effets cliniques."

• Le HHC

L'hexanhydrocannabinol (ou HHC) est une molécule de synthèse obtenue à partir du cannabis. Depuis le mois de juin dernier, elle est considérée en France comme un produit stupéfiant, tout comme deux de ses dérivés - le HHCO (HHC-acétate) et le HHCP (hexahydroxycannabiphorol).

L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) estime ainsi que le HHC présente "un risque d'abus et de dépendance équivalent à celui du cannabis". Il est donc interdit d'en produire, d'en vendre ou d'en consommer en France.

Apparu sur le marché de la drogue aux États-Unis fin 2021, le HHC a été repéré pour la première fois en Europe au printemps 2022 lors d'une saisie par des douaniers. D'autres pays l'ont également interdit, dont l'Autriche, la Belgique, le Danemark ou le Royaume-Uni.

L'ANSM alerte contre la consommation de HHC ou de ses dérivés qui expose à "des risques", tels que "tremblements, vomissements, anxiété, 'bad trip', confusion mentale, malaise, tachycardie, douleur thoracique, poussée tensionnelle".

• Le H4CBD

Le H4CD est une nouvelle molécule, un cannabinoïde de synthèse dérivé du CBD qui a été retrouvé dans les bonbons consommés par le groupe d'amis. Dans ce cas, associé au THC, il a potentiellement multiplié les effets. Problème majeur: cette substance n'a jamais été étudiée, que ce soit sur l'humain ou l'animal.

Selon Le Parisien, le H4CD pourrait être prochainement ajouté à la liste des produits stupéfiants. Six cas d'intoxication ont été rapportés depuis le mois de juin.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV