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Santé

Cancers: un test sanguin pour détecter la tumeur à un stade précoce

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- - iStock - jarun011

A partir de l'ADN tumoral présent dans le sang, un test unique élaboré par des scientifiques américains permet de faire un pas supplémentaire en ce qui concerne le dépistage à un stade très précoce de plusieurs types de cancers.

Pour beaucoup de cancers, plus le diagnostic est fait tôt, moins les traitements sont lourds et meilleures sont les chances de guérison. Comme le précise l'institut national du cancer (Inca), l’intérêt du diagnostic précoce est ainsi de mieux soigner, mais aussi de limiter les séquelles liées à certains traitements. C'est dans ce but que des chercheurs du Johns Hopkins Kimmel Cancer Center rapportent avoir développé un test sanguin permettant de détecter à un stade précoce les cas de cancer colorectal, du sein, du poumon et de l'ovaire.

Cet examen est basé sur l'analyse de petites quantités d'ADN spécifique à chaque cancer dans le sang, libéré par la tumeur. "Cette étude montre que l'identification du cancer par l'utilisation précoce des changements d'ADN dans le sang est faisable et que notre méthode de séquençage de haute précision est une approche prometteuse pour atteindre cet objectif.", explique le Pr Victor Velculescu du Johns Hopkins Kimmel Cancer Center.

Ce type de tests sanguins sont de plus en plus développés dans le cadre de l'oncologie clinique, mais ces derniers restent souvent dans les premiers stades de développement. Ce nouveau test a de spécifique le fait qu'il repose sur une nouvelle technique de séquençage de l'ADN: il se base directement sur les vraies mutations dérivées de la tumeur et non sur les biomarqueurs sanguins.

Jusqu'à 93% d'efficacité

"Le but a été de développer une analyse de sang qui pourrait prédire un cancer potentiel sans connaître les mutations génétiques dans la tumeur du patient.", ajoute le Pr Victor Velculescu. Les chercheurs avaient par ailleurs comme objectif le développement d'un test de dépistage très précis tout en réduisant le risque de "faux positifs", qui conduisent souvent à des traitements excessifs.

Pour mesurer son efficacité, ils ont obtenu des échantillons de sang de 200 patients atteints de cancer du sein, des poumons, des ovaires et du cancer colorectal. A partir de ces échantillons, le test a recherché la présence de mutations à l'intérieur de 58 gènes largement liés à l'apparition de différents cancers. Les résultats ont montré que le test a permis de détecter 62% cas de cancers aux stades 1 et 2.

Chez les 42 personnes atteintes de cancer colorectal, le test prédisait correctement le cancer dans 50% des cas au stade I, 89% des cas stade II, 90% des cas au stade III et 93% des cas avec une maladie au stade IV. Sur les 71 personnes cas de cancer du poumon, le test a identifié le cancer parmi 13 des 29 patients avec une maladie de stade I, 23 personnes sur 32 au stade II, trois personnes sur quatre au stade III et cinq personnes sur six au stade IV.

Un test utile pour les mutations BRCA1 et BRCA2

Les résultats les plus probants concernaient le cancer de l'ovaire, avec un taux de 67% des cas détectés au stade 1 et de 75% au stade 2 et 3 de la maladie. Indépendamment de cette expérience, les chercheurs ont procédé à un séquençage génomique sur des tumeurs enlevées chez 100 de ces 200 patients atteints de cancer et ont constaté que 82% d'entre eux présentaient des mutations dans leurs tumeurs qui étaient en corrélation avec les altérations génétiques trouvées dans le sang.

A l'inverse, aucune des mutations dérivées d'un cancer n'a été trouvé dans des échantillons de sang d'un groupe témoin de 44 personnes en bonne santé. Mais malgré ces résultats prometteurs, les chercheurs font savoir que leur test sanguin doit être validé avec des études comprenant un plus grand nombre de personnes. "Nous essayons de trouver l'aiguille dans la meule de foin, alors lorsque nous trouvons une altération de l'ADN, nous voulons nous assurer que c'est bien ce que nous pensons.", affirme le Pr Velculescu.

Ce dernier estime qu'à terme, les populations qui pourraient le plus bénéficier d'un tel test de dépistage sont les personnes à haut risque de cancer comme les fumeurs, pour lesquels la tomodensitométrie (scanner thoracique), le test de dépistage standard pour l'identification du cancer du poumon, entraîne souvent des faux positifs et les femmes qui présentent des mutations héréditaires dans les gènes BRCA1 et BRCA2 pour le cancer des seins et des ovaires.

Alexandra Bresson