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Santé

Cancer du sein: une légère baisse de participation au dépistage

Le dépistage organisé du cancer du sein a été généralisé en France en 2004.

Le dépistage organisé du cancer du sein a été généralisé en France en 2004. - iStock - choja

Comme chaque année, Santé publique France publie les données de participation des femmes au programme de dépistage organisé du cancer du sein et celles de la période 2015-2016 montrent un taux en baisse, ce qui n'était pas arrivé depuis plusieurs années.

Le cancer du sein se situe au 1er rang des cancers incidents chez la femme, nettement devant le cancer du côlon-rectum et le cancer du poumon. Selon l'Institut National du Cancer (Inca), il constitue ainsi la première cause de décès par cancer chez la femme, avec 12 000 décès estimés en 2015. Ce cancer bénéficie, avec le cancer colorectal, du dépistage organisé.

Un programme mis en place depuis 2004 qui, comme l'indique la Ligue contre le Cancer "reste la garantie des techniques les plus récentes, les mieux évaluées et les plus efficaces. On augmente ainsi au maximum les possibilités de détection de cancers à des stades précoces, par rapport aux dépistages individuels". Tous les deux ans, les femmes entre 50 et 74 ans qui ne présentent ni symptôme, ni facteur de risque autre que l'âge sont ainsi invitées à se rendre chez un radiologue pour une mammographie et un examen clinique des seins.

Un examen pris en charge à 100% par l'assurance maladie et qui est systématiquement relue par un second radiologue expert. Plus la détection d'un cancer du sein se fait tôt, plus la patiente a des chances de se faire soigner rapidement et de limiter les séquelles liées à certains traitements. "Détecté à un stade précoce (tumeur de moins d'1 cm, sans envahissement ganglionnaire), le cancer du sein affiche un taux de survie à 5 ans supérieur à 90%", précise l'Inca.

Plus de 5 millions de femmes dépistées en 2015-2016

Dans les pays européens qui ont mis en place ce programme de dépistage, l’objectif de participation est fixé à 70%. Mais les derniers chiffres de Santé Publique France sur ces deux dernières années en France montrent que celui-ci est encore loin d'être atteint. Pour la période 2015-2016, qui correspond à une "campagne" de dépistage puisque les femmes sont invitées à y participer tous les deux ans, ce sont plus de 5 millions de femmes qui ont été dépistées, soit un taux de 51,1%.

Un chiffre en dessous de la moyenne observée depuis 2008 (52%). "Ces données montrent une légère baisse qui devra cependant être confirmée les années prochaines.", fait savoir l'agence sanitaire. Cette baisse s'observe pour toutes les tranches d’âge sauf les 70-74 ans, et pour toutes les régions de métropole. Le taux de participation est qui plus est variable selon les départements: les écarts vont de 27 % à Paris à 63 % en Loire-Atlantique.

"Cette hétérogénéité se retrouve également à l’échelle régionale (nouvelles régions) avec des taux de participation variant de 36,1 en Corse à 60,5% dans les Pays de la Loire.", ajoute Santé Publique France, qui ne peut pas à l'heure actuelle expliquer les raisons de cette légère chute de participation. Plusieurs hypothèses sont cependant avancées, la première étant l’impact de la polémique nationale sur l’efficacité du dépistage du cancer du sein.

Les raisons de cette baisse à approfondir

L'intérêt de ce programme fait en effet l'objet d'un débat depuis plusieurs années quant au risque de surdiagnostic qu'il entraîne. Ce dernier correspond à la détection par le programme de lésions cancéreuses mais qui n'auraient pas évolué vers un cancer infiltrant du vivant de la personne. "Le surdiagnostic pourrait être de l'ordre de 1 à 10%, voire 20%", souligne l'Inca.

Vient ensuite le risque de développer un cancer suite à une exposition à la mammographie, qui serait de l’ordre "de 1 à 20 cas pour 100 000 femmes participant régulièrement au programme". Enfin, l'intérêt de ce dépistage est depuis l'origine, discuté pour les femmes de moins de 50 ans et de plus de 74 ans. Outre cette raison, Santé Publique France évoque la possibilité d'une éventuelle baisse de l’offre médicale en sénologie* et une possible augmentation des démarches de dépistage individuel.

"Mais il n’est pas possible de calculer l’ampleur de cette démarche individuelle ni son évolution au cours du temps.", affirme l'agence nationale. Dans ses conclusions, celle-ci indique qu'il est donc nécessaire de continuer à sensibiliser les femmes, en particulier celles qui ne font jamais de mammographie, pour améliorer la participation au dépistage organisé. C'est l'une des mesures établies dans le cadre du Plan cancer 2014-2019, dont l'une des priorités est de réduire les inégalités face à cette maladie.

*Spécialité médicale qui étudie les affections du sein.

Alexandra Bresson