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"Ça va nous coûter cher d'abandonner": la Nouvelle-Zélande renonce à une large interdiction du tabac

Fraîchement arrivé au pouvoir, le nouveau Premier ministre a invoqué la crainte de l'installation d'un marché noir du tabac, et a également évoqué les recettes fiscales provenant des ventes de cigarettes.

À peine arrivé au pouvoir que la polémique enfle. Lundi, l'ancien patron de la compagnie aérienne Air New Zealand, Christopher Luxon, a officiellement pris ses fonctions de Premier ministre du gouvernement de coalition néo-zélandais, conservateur, affichant la lutte contre l'inflation en tête de ses priorités.

Cette intronisation intervient six semaines après la victoire aux élections nationales de sa formation politique, le Parti national, qui a mis fin aux six années passées au pouvoir du Parti travailliste.

Une interdiction prévue pour les personnes nées après 2008

Lors de son premier discours, ce même Christopher Luxon a confirmé son intention d'abandonner les mesures pionnières adoptées par le pays pour lutter contre le tabagisme. L'an passé, l'ancienne Première ministre, Jacinda Ardern, avait fait voter au Parlement une "interdiction générationnelle de fumer, interdisant la vente de cigarettes à toute personne née après 2008.

Le nouveau chef du gouvernement justifie cette décision en invoquant les risques de développement d'un marché noir de vente de tabac. Il a également admis que les recettes fiscales provenant des ventes de cigarettes en cours généreraient également des revenus bienvenus pour le gouvernement, mais a souligné que ce n'était "pas la motivation pour le faire".

"Énorme victoire pour l'industrie du tabac"

L'association anti-tabac Health Coalition Aotearoa - le nom maori de la Nouvelle-Zélande - a estimé que l'abandon de cette politique était une insulte au pays.

"Il s'agit d'une perte majeure pour la santé publique et d'une énorme victoire pour l'industrie du tabac, dont les bénéfices seront augmentés au détriment des vies des Néo-zélandais", a déclaré le groupe dans un communiqué.

Pour sa part, Ben Youdan, directeur de l’ONG Action on Smoking ans Health, regrette l'abandon d'une "première mondiale" qui allait "sauver sauver des milliers et des milliers de vies. Ça va nous coûter cher d’abandonner cette politique, les décès et maladies liées au tabac vont continuer."

La loi avait été conçue pour réduire presque immédiatement le nombre de personnes consommant du tabac, dans un pays où le nombre d'adultes fumeurs est déjà relativement faible, mais où les cancers liés au tabagisme sont nombreux.

Le texte prévoyait une augmentation progressive de l'âge minimum pour pouvoir acheter des produits du tabac et aurait réduit drastiquement le nombre de commerces autorisés à vendre du tabac à un maximum de 600 dans tout le pays.

De manière générale, le nombre de vendeurs autorisés à vendre les produits du tabac va être réduit à 600, une diminution considérable par rapport aux 6000 que compte aujourd'hui le pays. En France, le prix moyen du paquet devrait augmenter de 40 à 50 centimes et atteindre 12 euros en 2024.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV