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Santé

"C’est comme si vous avaliez du poison": New Delhi envahie par un brouillard de pollution

Des personnes marchent dans le brouillard à la Porte de l'Inde, à New Delhi, le 31 octobre 2023. L'ennemi est invisible et il n'y a pas de soldats, mais le nouveau "Green War Room" de la capitale indienne lutte contre la pollution de l'air qui réduit la durée de vie des habitants de plus d'une décennie.

Des personnes marchent dans le brouillard à la Porte de l'Inde, à New Delhi, le 31 octobre 2023. L'ennemi est invisible et il n'y a pas de soldats, mais le nouveau "Green War Room" de la capitale indienne lutte contre la pollution de l'air qui réduit la durée de vie des habitants de plus d'une décennie. - ARUN SANKAR / AFP

Depuis plusieurs jours, la pollution atmosphérique en particules fines touche la capitale indienne. En cause, les émissions du transport routier et l'activité agricole sur brûlis pratiquée en hiver.

New Delhi, l'une des plus grandes zones urbaines de la planète, est régulièrement classée parmi les villes les plus polluées au monde. Depuis plusieurs jours, le niveau de pollution de la capitale indienne a considérablement augmenté: il est désormais 35 fois supérieur au niveau maximum fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ce problème culmine au début de l'hiver, autour de la fête hindoue de Diwali, qui coïncide avec les semaines où des dizaines de milliers d'agriculteurs du nord de l'Inde brûlent les chaumes des rizières.

Cette pratique est l'une des principales causes de cette pollution qui étouffe Delhi chaque année et persiste malgré les efforts des autorités pour persuader les agriculteurs d'utiliser d'autres méthodes de défrichement et les menaces de mesures punitives.

Un brouillard toxique

Le brouillard toxique, alimenté par les brûlis agricoles, les émissions industrielles et celles du transport routier, stagne dans la mégapole de 30 millions d'habitants.

"Quand un bus démarre devant vous, c’est comme si vous avaliez du poison. À cette saison, la pollution est un enfer. Pour éviter de tomber malade, je mange plus de légumes, cela renforce le corps", témoigne Raj Kumar, un conducteur de triporteur, auprès de Radio France International (RFI).

D’autres habitants, plus fortunés, ont les moyens de se protéger davantage face à l’augmentation de la pollution, indique RFI, comme Vikrant: "Pendant les pics de pollution, je porte un masque, mets un purificateur d’air chez moi, et je ne voyage qu’en véhicule fermé. Ou je reste à la maison."

Le 24 octobre, le niveau de particules polluantes était de 306 IQA (Indice de qualité de l’air) à Delhi, selon les données fournies par le gouvernement indien à la BBC. Ce vendredi, il oscille autour de 480 IQA dans certains points de surveillance de la ville, informe la société suisse de surveillance de la qualité de l'air, IQAir, à l’agence britannique Reuters.

"Une bonne qualité de l'air varie de 0 à 50, tandis que les mesures supérieures à 300 sont considérées comme dangereuses", indique IQAir.

Cet épais nuage toxique présent à Delhi peut altérer les poumons et être à l'origine de nombreuses maladies respiratoires.

Le mois dernier, la ville de Mumbai, capitale financière de l’Inde, a connu également une baisse drastique de la qualité de l’air, dépassant celle de Delhi à plusieurs reprises, indique la radio britannique BBC.

Des écoles fermées

Ce vendredi 3 novembre, les écoles ont fermé dans la capitale indienne en raison du niveau dangereux de pollution atmosphérique, matérialisée par un brouillard jaunâtre et toxique, ont annoncé les autorités.

Le ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, a annoncé tard dans la soirée de jeudi que toutes les écoles primaires seraient fermées dans la capitale pendant au moins deux jours.

"À la lumière des niveaux de pollution en hausse, toutes les écoles primaires publiques et privées de Delhi resteront fermées pendant les deux prochains jours", a annoncé Arvind Kejriwal sur X (ex-Twitter).

Les autorités annoncent régulièrement différents plans pour réduire la pollution, notamment en suspendant les travaux de construction, mais sans grand résultat.

Une étude de The Lancet, revue médicale britannique, parue en 2020, imputait 1,67 million de décès, un an plus tôt, à la pollution de l'air en Inde, dont près de 17.500 dans la capitale.

L'Inde dépend fortement du charbon pour sa production d'énergie. Le pays a vu ses émissions par habitant augmenter de 29% ces sept dernières années et rechigne à appliquer des politiques afin d'éliminer progressivement les combustibles fossiles polluants.

Par Orlane Edouard avec agences