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Bien être au travail

S’attaquer aux cancers professionnels par leurs coûts

Un cancer sur dix déclaré aujourd'hui est d'origine professionnelle.

Un cancer sur dix déclaré aujourd'hui est d'origine professionnelle. - Steve Davis - CC - Flickr

Une étude inédite estime que chaque année, les dépenses liées aux cancers professionnels pèsent 50 milliards d’euros en France. Une raison supplémentaire pour mieux les prévenir.

Près d’un cancer sur dix déclaré aujourd’hui peut être attribué à une exposition à un ou plusieurs agents cancérigènes rencontrés au travail. Et ce, parmi les 25 facteurs de risques principaux comme l’amiante,-omniprésente dans le BTP-, le benzène ou le diesel pour les garagistes, ou encore, le travail de nuit.

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Un cancer du poumon sur trois lié au travail

Pour certains cancers, c’est encore davantage. Parmi tous les cas de mésothéliomes déclarés en France, 95% sont dus à une exposition professionnelle, à l’amiante, principalement. Plus d’un cancer du poumon sur trois aurait pu être évité sans une exposition au travail; un sur dix quand "le crabe" s’attaque à la gorge ou à la vessie.

2,4% du PIB

Partant de ce constat, Daniel Vencovsky, chercheur anglais en risques et politiques, a réalisé une étude inédite sur le coût de ces cancers professionnels, à la demande de l’European trade union institute (Etui): il a présenté ses résultats à l’occasion du colloque organisé sur le sujet, le 14 novembre, à Bruxelles.

Rien que pour la France, ces coûts seraient de 50 milliards d’euros par an, soit 2,4% du PIB de l’Hexagone. Au niveau de l’Union européenne, la fourchette est comprise entre 1,8% et 4,1% du PIB, soit entre 270 et 610 milliards d’euros… Des dépenses qui prennent en compte les coûts directs liés à l’Assurance maladie (remboursement des médicaments, etc.), mais aussi ceux indirects, tels que la diminution de la productivité liée à l’absentéisme causé par "le crabe".

Prise de conscience

"Un décès sur quatre en Europe est provoqué par un cancer et beaucoup échapperaient à la maladie s’ils n’avaient pas été exposés au travail, affirme Daniel Vencovsky. Comme elle se déclenche souvent des années après l’exposition, la nécessité de protéger les salariés n’est pas facilement intégrée." 

Or "il est temps de mieux prévenir ce risque, plaide Tony Musu, également chercheur à l’Etui. Estimer le coût qu’il représente à la société peut aider à amener à cette prise de conscience." Et de rappeler que chaque année, 100.000 Européens perdent leur vie à la gagner du fait de la survenue d’un cancer d’origine professionnelle.

Rozenn Le Saint