Qui sont ces travailleurs qui n'arrivent pas à s'arrêter?
Jacques, délégué syndical de la CGT à la SNCF, n’a pas pris un seul jour d’arrêt maladie en plus de vingt ans de carrière. Et il en est fier. "Même quand sa santé est chancelante, il lui semble important de venir travailler pour faire preuve de solidarité avec ses camarades et faire honneur au service public", cite Denis Monneuse dans de Le surprésentéisme, travailler malgré la maladie.
"Deux tiers des salariés de La Poste en Suisse ont déjà renoncé ou différé une visite chez le médecin de crainte de nuire à l’activité de leur équipe du fait de leur absence", mentionne par ailleurs le sociologue.
Le surpésentéisme toucherait aussi 80% des médecins norvégiens et des professionnels de santé britanniques. En fait, l’ensemble des travailleurs est concerné. Le consultant en ressources humaines dénombre cinq profils types de personnes touchées par le surprésentéisme.
1-Les précaires
En CDD, en intérim ou en période d’essai, cela paraît délicat de poser un arrêt de travail, au risque de voir s’éloigner le graal du CDI… "Les précaires limitent tant que possible les arrêts maladies de peur de se faire mal voir, mais aussi pour des raisons économiques car ils ne peuvent pas se permettre de se priver des journées de carence notamment", indique Denis Monneuse.
2-Les culpabilisés
Beaucoup de salariés craignent de s’arrêter par culpabilité ou par solidarité avec leurs collègues, sur qui la charge de travail se reporterait en cas d’absence non remplacée. "La culture d’entreprise est importante car dans certaines entreprises, ceux qui s’arrêtent se pénalisent eux-mêmes, souligne le sociologue. Quand ils rentrent au travail, ils ont davantage de courriels à traiter et au final, ont accumulé beaucoup de retards en leur absence."
3-Les indépendants et commerciaux
Idem pour les indépendants, les petits commerçants. S’ils ferment boutique, le chiffre d’affaires s’effondre et ils sont les premiers pénalisés. "Pour les commerciaux dont la part de revenus dépend beaucoup des commissions, s’arrêter représente une perte de salaire conséquente", rappelle aussi Denis Monneuse.
4-Les passionnés
Peu de travailleurs ont la chance d’exercer un métier passion. Le revers de la médaille c’est que bien souvent, leur emploi représente tout pour eux. "Ils ont du mal à s’arrêter tant leur travail représente un enjeux identitaire et de reconnaissance", assure Denis Monneuse.
5-Les cols blancs