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Bien être au travail

Qui est le plus angoissé, votre patron ou vous?

Kianaiguess -  CC - Flickr

Kianaiguess - CC - Flickr - 12,6% des salariés français risqueraient l'épuisement professionnel, 19% des cadres.

Le stress justifie parfois les salaires dans les hautes sphères. Une étude montre qu’à l’inverse, les hormones du personnel aux faibles revenus s’affolent davantage. En revanche, les chefs risquent davantage le burn out.

Les risques d’anxiété augmenteraient avec les responsabilités. La croyance est démontée par des chercheurs anglais, preuves hormonales à l’appui. Ils ont observé les taux de cortisol, une des hormones responsables du stress, sur des employés du service public londonien proches de l’âge de la retraite. Et ils sont bien plus élevés chez les seniors occupant les fonctions les plus basses de la hiérarchie.

A salaire bas, niveau de stress élevé

Un écart lié aux conditions de travail plus oppressantes pour ceux qui ont "moins de contrôle sur leurs tâches", selon Tarani Chandola, une des auteures de l’étude publiée dans The Journals of Gerontology.

Deuxième hypothèse avancée: les fins de mois difficiles augmentent aussi l’état d'anxiété, en général. Un facteur d’angoisse qui concerne inévitablement moins les plus hauts salaires.

En fin de journée, le taux de cortisol des chefs est en chute libre, ils parviendraient donc à lâcher prise, une fois la porte du bureau fermée. A l’inverse, celui du personnel à faible responsabilité reste plutôt stable.

12,6% de salariés risqueraient l'épuisement professionnel

Sauf que les données des scientifiques britanniques ont été recueillies dans la décennie 2000 et que depuis, "avec le surgissement des nouvelles technologies, les temps s’entrelacent, le travail s’immisce dans la vie privée et psychique de l’individu. Or le burn out est justement le résultat d’un manque de récupération", selon Jean-Claude Delgènes, directeur général du cabinet Technologia.

Contrairement à l'étude anglais, celui-ci a calculé les risques d'épuisement uniquement provoqué par le travail, et non le niveau de stress général vécu par les travailleurs, facteurs personnels et professionnels confondus. Et la part des actifs qui encourraient un burn out, serait de 12,6%.

Les chefs, principales victimes du burn out

Et le ratio monte même à près de 20% pour les chefs d’entreprise, artisans et commerçants car "ils s’investissent énormément, portent l’angoisse de l’échec", selon Jean-Claude Delgènes, même s’"ils trouvent une capacité de récupération dans l’autonomie de la décision et le fait qu’ils n’ont pas à supporter de hiérarchie, ce qui leur apporte du plaisir au travail et une reconnaissance, véritables antidotes au surengagement."

19% des cadres seraient également exposés aux risques de burn out "car les exigences des firmes et le degré de reporting sont de plus en plus élevés, et les valeurs de l’entreprise ne correspondent pas forcément aux leurs", assure le responsable de Technologia. C’est davantage que les employés, dont 10% déraperaient sur ce terrain glissant; 7% pour les ouvriers. Des résultats pas forcément contradictoires d’un côté ou de l’autre de La Manche. Le personnel de base subirait davantage le stress, en général, tous facteurs confondus, mais les chefs seraient particulièrement en proie au syndrome d'épuisement purement professionnel.

Rozenn Le Saint