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Bien être au travail

Les vacances à volonté peuvent avoir des effets pervers

La mesure des congés illimités compense parfois une surcharge de travail tout le reste de l'année.

La mesure des congés illimités compense parfois une surcharge de travail tout le reste de l'année. - bled peza - CC - Flickr

Mesure a priori rêvée des salariés, les congés payés illimités comportent des effets pervers insoupçonnés… Mais pas au point de ne pas envier la mesure.

Les méfiants se diront qu’une initiative aussi idéale comporte forcément un loup… Car effectivement, l’absence de règles rend son application floue. "Les règles sont aussi faites pour protéger, au cours de tous les cycles de l’entreprise. Leur affaiblissement, l’individualisation offre, certes, une plus grande autonomie mais que se passe-t-il quand l’entreprise va moins bien?", interroge Thierry Rousseau, chargé de mission à l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact).

Car selon lui, ce n’est pas un hasard si ce sont surtout des start-up en pleine expansion qui optent pour cette mesure, à l’instar de Evercontact, devenue depuis Kwaga, Popchef ou Indeed, en France.

>Lire aussi: Mieux que les RTT : les vacances à volonté 

En cas de difficultés dans l’entreprise, on imagine mal les salariés quitter le navire vingt semaines dans l’année, en toute tranquillité.

Scrupules

D’ailleurs, selon François Taquet, avocat et professeur en droit du travail, "le but inavoué de l'initiative [serait] même que les salariés n’utilisent pas l’intégralité de leurs congés. Si le collègue d’en face en prend moins, on a des scrupules", présume-t-il.

On se console comme on peut avec ses cinq semaines de congés payés... En réalité, les salariés des entreprises concernées prennent tout de même quelques jours off en plus, mais pas plus de sept semaines par an, en moyenne.

Compenser une surcharge de travail

Par ailleurs, Thierry Rousseau met en garde contre "ce contrat explicite basé sur la flexibilité et la réalisation des objectifs. Cela peut consister en une annualisation à l’extrême du temps de travail, avec des vacances à volonté pour compenser une surcharge de travail tout le reste de l’année." Chez Kwaga, par exemple, les horaires décalés sont légion, puisque l’entreprise se cale sur le fuseau de la Silicon Valley

D’où l’importance de bien cadrer les missions de chacun. "Nous encourageons les salariés à s’éterniser le moins possible au bureau. La description du poste et les objectifs fixés à l’avance évitent les abus, dans un sens comme dans l’autre", assure Briac Lescure, PDG de Popchef, entreprise de livraison de repas. Pour que prendre plus de congés ne rime pas nécessairement avec travailler plus le reste de l’année.

> Voir aussi: Dans cette start-up, les employés ont le droit à des vacances illimitées

Rozenn Le Saint