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Bien être au travail

Les femmes premières victimes des maladies professionnelles

Les femmes souffrent davantage du canal carpien, du fait des gestes répétitifs exigés par les tâches qui leur sont habituellement dévolues.

Les femmes souffrent davantage du canal carpien, du fait des gestes répétitifs exigés par les tâches qui leur sont habituellement dévolues. - bridzsitt - CC - Flickr

Au travail, les femmes développent près de deux fois plus de troubles musculo-squelettiques que les hommes. Moins visibles, leurs tâches sont tout autant pénibles,. Et parfois davantage.

Il n'y a pas que les déménageurs qui portent des charges lourdes. Les aides-soignantes soulèvent des personnes à longueur de journée. Plus globalement, les femmes développent près de deux fois plus de troubles musculo-squelettiques (TMS) que les hommes, selon une étude du ministère du Travail publiée en décembre 2016.

De prime abord, la division des tâches peut sembler plus favorable aux femmes. Comme dans les exploitations agricoles où, l'été, les hommes partent aux champs, pendant que les femmes, elles, restent à la ferme. Sauf qu'elles y travaillent quasi à la chaîne pour équeuter les haricots et préparer les bocaux. Elles réalisent davantage de petits gestes répétitifs qui font de leurs mains les premières blessées du travail. Le syndrome du canal carpien les touche particulièrement.

Et les choses ne vont pas en s'améliorant. Car "il est délicat de commenter les données sexuées. Le risque de faire remonter les préjugés et stéréotypes tels que 'les femmes sont plus fragiles' existe", estime Florence Chappert, responsable du projet genre, santé et conditions de travail à l'agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail.

Les secteurs très féminins en retard sur la prévention

Elle s'y attelle pourtant chaque année en étudiant les risques professionnels sous le prisme du genre. Alors que le nombre d'accidents du travail des hommes a baissé de 28% entre 2001 et 2014, celui des femmes, lui, a augmenté de 24%; les maladies professionnelles, elles, à 80% causées par des TMS, progressent deux fois plus rapidement pour les femmes, selon l'Anact. Les mesures de prévention semblent donc payer pour les hommes, pas encore pour le deuxième sexe.

Car les secteurs particulièrement féminins comme le nettoyage, le service à la personne ou les centres d'appels sont en retard sur l'industrie en termes de prévention, selon les experts réunis autour du sujet par l'European trade union institute.

Outils de travail non adaptés à la taille des femmes qui sursollicitent les membres pour aller chercher les objets en hauteur, manque de recherches sur les causes des maladies, attribuées par défaut à la physionomie propre à la gente féminine… Autant de raisons qui font des femmes les premières victimes du travail et les moins reconnues.

Rozenn Le Saint