BFMTV
Bien être au travail

Le risque de surcharge au travail s'accentue avec le numérique

-

- - Frdric BISSON - CC - Flickr

Après un weekend prolongé ou des vacances, même si vous avez réussi à débrancher, encore faut-il que l’entreprise régule la charge de travail pour éviter un mal-être dès le retour.

Une pointe de stress vous saisit au moment d’ouvrir votre boîte mail professionnelle en rentrant de weekend. Combien de mails non lus?

>> Lire aussi Comment éviter l'enfer des mails non lus au retour de vacances?

En 2014, un employé recevait en moyenne 85 courriels par jour et en envoyait 36, selon le rapport de Bruno Mettling rendu en 2015 à Myriam El Khomri. Il préconisait la mise en place d’un droit à la déconnexion, adopté dans la loi Travail. Alors depuis le 1er janvier 2017, les entreprises de plus de 50 salariés sont censées négocier un accord qui autorise à ne pas répondre aux mails, appels et messages reçus en dehors des heures habituelles de travail.

>> Lire aussi Pendant les vacances, le droit de se déconnecter de ses mails

Une charge de travail "raisonnable"

La loi assortit cette obligation à celle, pour l’employeur privé, de s’assurer régulièrement que la charge de travail est "raisonnable". Car sans cette barrière, le droit à la déconnexion n’a pas de sens. "C’est une avancée d’avoir juridiquement reconnu le droit à la déconnexion et une première, mais la difficulté sera de garantir son effectivité. L’employeur se heurte à certaines réalités: scrupules à se débrancher du travail, activité internationale ou continue de l’entreprise, déconnexion hors du temps de travail parfois culturellement mal vue...", rappelle Loïc Lerouge, juriste en droit de la santé au travail.

Pour alerter les entreprises sur l’importance d’éviter la surabondance de mails mais aussi la surcharge de travail tout court, l’Agence nationale de l’amélioration des conditions de vie au travail (Anact) a consacré aux effets du numérique une des dix questions de son rapport publié en octobre 2016 sur la charge de travail.

"Risque d'un excès d'engagement"

La "délocalisation" du travail encouragée par les outils de communication, avec la généralisation des smartphones et ordinateurs professionnels, "contribue à brouiller les frontières entre le temps de travail et la vie hors travail", souligne l’agence. Ce nomadisme et "l’éclatement des barrières organisationnelles et spatiales font courir au travailleur du numérique le risque d’un excès d’engagement et donc d’une surcharge préjudiciable à la santé", prévient-elle. D’autant plus qu’avec le numérique, des tâches autrefois dévolues à l’employeur s’ajoutent comme réserver ses billets de train en vue d’un voyage d’affaires ou choisir son opérateur de télécommunication pour son forfait professionnel.

Et avec les courriels, "tout devient urgent et appelle une réponse instantanée. Le flux d’informations s’impose alors qu’il devient difficile d’établir un ordre de priorité dans les tâches à accomplir", signale l’Anact. D’où l’importance de donner les moyens aux salariés de décrocher du smartphone: c'est ce qui doit constituer le coeur des négociations sur le droit à la déconnexion.

>> Lire aussi Des mesures concrètes pour mieux concilier le travail et la vie perso

Rozenn Le Saint