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Bien être au travail

La face cachée du "métier passion"

Aimer son travail sans compter n'est pas sans risque pour la santé.

Aimer son travail sans compter n'est pas sans risque pour la santé. - Sean MacEntee – CC - flickr

Travailler sans avoir l’impression de le faire est une chance. Le revers de la médaille, c'est une délimitation très fine entre la vie professionnelle et personnelle. Et des risques de surmenage moins aisés à détecter.

Exercer pour une compagnie de danse, un syndicat ou au ministère des Sports…Faire ce que l’on aime et en plus, être payé pour… Le pied, diront certains. Au point d'y passer ses journées et même ses nuits sans compter. Même si la vie professionnelle déborde largement sur la vie privée, sans que l’on ne s’en aperçoive.

L'ambivalence du travail passion fait naître "un risque de surinvestissement, d’épuisement professionnel face à une injonction angoissante à en faire toujours plus dans des univers professionnels, comme les métiers artistiques, sportifs ou militants, où l’engagement personnel est souvent indissociable de fortes obligations et d’efforts professionnels intenses", décrypte Nathalie Leroux, sociologue du sport, coauteure de Le travail passionné, L’engagement artistique, sportif ou politique.

Surinvestissement

Aux encadrants et directions d'être particulièrement attentifs aux signes avant-coureurs de surmenage comme le surprésentéisme... Qui peuvent mener au burn out. 

Dans certaines entreprises, notamment dans le domaine du sport, les salariés peuvent enchaîner les heures supplémentaires, s'estimant chanceux d'exercer dans un domaine qu'ils affectionnent particulièrement. Des défis sportifs sont organisés entre collègues au nom du team building. L’esprit de compétition est entré dans les mœurs au service de l’atteinte d’objectifs commerciaux.

"Les modes de sélection des candidats à l’ascension interne reposent sur des critères en apparence simples et objectifs: la performance économique (mesurée par le taux d’augmentation du chiffre d’affaires) et le jugement des pairs, qui évoquent le modèle de la compétition sportive avec une performance évaluée en termes de points, temps et distances, et ses juges", selon les auteurs sociologues de l’ouvrage, qui explorent aussi les métiers de la diplomatie et de la culture. Ceux qui rejettent cette instrumentalisation du sport quittent l’entreprise: d’où un turnover important. Et un dégoût pour des métiers qui font parfois rêver. 

Rozenn Le Saint