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Bien être au travail

La difficile prévention de l’usage des drogues au travail

L'ouvrage Se doper pour travailler appelle à la prévention collective de l'usage des drogues au travail.

L'ouvrage Se doper pour travailler appelle à la prévention collective de l'usage des drogues au travail. - nicolastouzeau - CC - Flickr

La consommation de substances psychoactives est souvent considérée comme un problème individuel. Or la prévention collective permet aussi d’éviter les addictions et les accidents au travail.

85% des dirigeants et DRH sont préoccupés par les drogues que consomment leurs salariés sur leur lieu de travail. Tout en ne sachant pas vraiment comment l’aborder, selon le sondage BVA réalisé pour la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), publié fin 2014.

Interdiction totale

Beaucoup interdisent totalement la consommation d’alcool, notamment, dans leurs locaux. Adieu les pots de départs arrosés au bureau… Par crainte des accidents du travail ou de trajet au retour. Car la responsabilité de l’employeur peut être engagée, y compris en matière pénale, au nom de la mise en danger de la vie d’autrui, de la non-assistance à personne en danger ou de l'homicide involontaire.

Sauf que l’interdiction sans démarche de prévention en parallèle ne résout pas les problèmes d’addictions des salariés, qui peuvent boire avant leur prise de poste, ou à leur retour, une fois rentrés… Avec des effets à retardement le lendemain. Et il n’y a pas que l’alcool.

Mission d'expérimentation

"Historiquement, les médecins du travail et les entreprises ont travaillé sur les consommations d’alcool et de tabac des salariés. Aujourd’hui ce sont les usages de médicaments psychotropes et de drogues illicites qui posent question", souligne d’ailleurs Gladys Lutz, ergonome conseil spécialisée dans l’analyse des usages de substances psychoactives en milieu professionnel, présidente de l’association Addictologie et travail Additra et une des auteurs de Se doper pour travailler paru en avril 2017.

Pour avancer sur ce terrain mal connu, aussi bien au niveau de la médecine du travail, que des DRH et préventeurs, la Mildeca a confié à l’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) la mission d’expérimenter la prévention des addictions en milieu professionnel dans trois de ses antennes régionales: la Martinique, le Centre Val-de-Loire et la Nouvelle Aquitaine. Un rapport sera remis à la Mildeca fin 2017. Un premier pas pour passer d’une approche individuelle de la consommation de drogues au travail à une prévention collective. 

Rozenn Le Saint